Un enseignant français qui avait montré des caricatures de Mahomet à ses élèves a été décapité vendredi près de Paris, et son assaillant a été tué par la police. Le président Emmanuel Macron a qualifié l'attaque d'"attentat terroriste islamiste caractérisé".
Le professeur d'histoire a été tué sur la voie publique non loin de son collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), en région parisienne. Il avait montré récemment à ses élèves des dessins faisant la satire de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression, selon une source policière.
Le parquet national antiterroriste a annoncé à l'AFP s'être immédiatement saisi de l'enquête, ouverte pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".
Quatre personnes, dont un mineur, ont été placées en garde à vue dans la nuit de vendredi à samedi, a appris l'AFP de source judiciaire. Ces personnes sont issues de l'entourage familial de l'assaillant, selon une source proche de l'enquête.
Macron sur place
Le président Emmanuel Macron s'est rendu dans la soirée sur les lieux de l'attaque. Après avoir rencontré le personnel du collège, M. Macron a appelé "la nation toute entière" à s'unir aux côtés des enseignants pour "les protéger et les défendre". "Toutes et tous nous feront bloc. Ils ne passeront pas. L'obscurantisme et la violence qui l'accompagne ne gagneront pas", a-t-il dit, visiblement ému.
L'agresseur a crié "Allah Akbar" avant d'être abattu par les forces de l'ordre. Selon une source judiciaire, une pièce d'identité a été retrouvée sur l'assaillant indiquant qu'il est né en 2002 à Moscou. Mais les enquêteurs attendent une identification formelle.
Message Twitter
Les enquêteurs s'intéressent à un message posté sur Twitter par un compte désormais fermé et qui montre notamment une photo de la tête de la victime. Ils cherchent à savoir si elle a été postée par l'agresseur ou une autre personne.
Sous cette photo, un message menace Emmanuel Macron, "le dirigeant des infidèles", et son auteur assure vouloir venger celui "qui a osé rabaisser Muhammad" (nom du prophète Mahomet en anglais).
Les policiers de la brigade anticriminalité de Conflans-Saint-Honorine, à environ 50 km au nord-ouest de Paris, ont été appelés vers 17h00 pour un individu suspect, rôdant autour d'un établissement scolaire, selon la police.
Sur place, les policiers ont découvert la victime, et à 200 mètres de là, sur la commune d'Eragny (Val-d'Oise), ils ont tenté d'interpeller un homme qui les menaçait avec une arme blanche et ont fait feu, le blessant grièvement, avant qu'il ne succombe à ses blessures.
Choc et incompréhension
L'incompréhension dominait vendredi chez les riverains rencontrés par l'AFP dans ce quartier pavillonnaire, qu'ils décrivent comme calme et sans histoire. "Il ne passe jamais rien ici", lance, interloqué, Mohand Amara, un habitant de 45 ans sorti, comme d'habitude, promener son chien, le long de l'enceinte du collège.
Rodrigo Arenas, coprésident de la FCPE, la première association de parents d'élèves, dit avoir reçu un signalement il y a une semaine qui faisait état "d'un père extrêmement énervé" après la publication en classe d'une caricature de Mahomet.
Auparavant, l'enseignant aurait, selon M. Arenas, "invité les élèves musulmans à sortir de la classe" avant de montrer une caricature du prophète accroupi avec une étoile dessiné sur ses fesses et l'inscription "une étoile est née".
Selon le père d'un élève qui se trouvait dans cette classe de 4ème et qui a compris la volonté du professeur de ne pas choquer certains enfants, la séquence a suscité une vive polémique auprès d'autres parents.
"Abominable attentat"
L'attentat a soulevé une vague d'indignation dans la classe politique. A l'Assemblée nationale, les députés se sont levés pour "saluer la mémoire" du professeur et dénoncer un "abominable attentat".
Cette attaque survient trois semaines jour pour jour après l'attentat au hachoir perpétré par un jeune Pakistanais de 25 ans devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, qui avait fait deux blessés graves.
L'hebdomadaire a exprimé sur Twitter "son sentiment d'horreur et de révolte après qu'un enseignant dans l'exercice de son métier a été assassiné par un fanatique religieux".