L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé.
Alors que la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit, le président américain Joe Biden a estimé qu'une offensive terrestre à Rafah voulue par Israël serait "une erreur" et a obtenu la venue à Washington d'une délégation israélienne pour en parler, selon son conseiller à la sécurité nationale.
Au sixième mois de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas, les inquiétudes internationales s'amplifient face à la menace de famine dans le territoire palestinien assiégé et au bilan humain qui ne cesse de s'alourdir avec plus de 31'700 morts selon le ministère de la Santé du Hamas.
La bande de Gaza est devenue un "cimetière à ciel ouvert" et "la famine (est) utilisée comme arme de guerre", a affirmé le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.
En soirée, l'armée israélienne a poursuivi son opération lancée avant l'aube contre le complexe hospitalier Al-Chifa de Gaza-Ville, après avoir affirmé que "des terroristes haut-gradés du Hamas" s'y trouvaient.
"Nous avons éliminé plus de 20 terroristes dans le complexe hospitalier" et "plus de 20 dans la zone autour de l'hôpital", a déclaré le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari. "Plus de 200 terroristes présumés" ont été arrêtés, selon lui.
Après le début de l'opération, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts et de blessés", la plupart des civils, sans donner de chiffre précis.
Fuite des civils
Des combats accompagnés de bombardements aériens ont eu lieu autour et dans le complexe, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer.
L'armée a appelé les civils à évacuer le secteur, alors que selon les autorités du Hamas, "des dizaines de milliers" de personnes se trouvent dans le complexe dont de nombreux déplacés.
Des frappes aériennes ont visé plusieurs bâtiments aux abords de l'hôpital et des centaines de civils ont pris la fuite, a constaté un correspondant de l'AFP.
Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "terriblement préoccupée" par les combats à al-Chifa.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.
D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'UE.
Son armée a aussitôt lancé une campagne aérienne massive, suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre qui lui a permis d'avancer du nord au sud du petit territoire côtier et a coûté la vie à 250 soldats. Les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu'à présent 31'726 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
"Tous les objectifs"
Après des mois d'efforts infructueux des médiateurs - Etats-Unis, Qatar et Egypte - pour parvenir à une trêve, le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, devait rencontrer lundi à Doha des responsables qataris et égyptiens, selon une source proche des négociations.
Le Hamas s'est dit prêt à une trêve de six semaines pendant laquelle 42 otages seraient libérés en échange de 20 à 50 Palestiniens incarcérés par Israël.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé lundi à Joe Biden qu'il était déterminé à "atteindre tous les objectifs de la guerre" à Gaza dont "l'élimination du Hamas", selon un communiqué de son bureau.
C'était la première conversation téléphonique depuis plus d'un mois entre les deux dirigeants, dont la relation s'est nettement refroidie.
En dépit des pressions internationales, l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, abritant selon l'ONU près de 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.
Joe Biden s'est dit "profondément inquiet" au sujet de cette offensive.
Dimanche, M. Netanyahu a dit qu'Israël ne lancerait pas une telle opération tant que la population serait "enfermée sur place". Mais selon des humanitaires, une évacuation d'autant de personnes est quasi impossible.
Famine d'ici mai?
Israël a imposé un siège total à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire via l'Egypte, qui arrive au compte-gouttes dans le territoire dévasté, où selon l'ONU 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine.
L'ONG Oxfam a accusé Israël d'empêcher "délibérément" l'entrée des aides.
"Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer", a rétorqué le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.
Les aides humanitaires, très insuffisantes, parviennent très difficilement dans le nord du territoire, où se trouvent actuellement plus de 300'000 personnes selon l'ONU.
Un habitant sur deux dans le territoire, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici mai en l'absence de mesures "urgentes", ont prévenu les agences spécialisées de l'ONU.
Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays ont organisé des parachutages, devenus quotidiens, et ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp