Dix-huit Palestiniens ont péri, dont douze noyés en mer, en tentant de récupérer de la nourriture parachutée sur la bande de Gaza menacée par la famine, a annoncé mardi le Hamas. Ce dernier a appelé à cesser ces largages humanitaires et ouvrir les accès terrestres.
Les Etats-Unis ont affirmé qu'ils allaient continuer ces parachutages, organisés par plusieurs pays face aux difficultés d'acheminement de l'aide terrestre dans le territoire palestinien assiégé par Israël.
Au sixième mois du conflit déclenché par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de plus de 80 morts dans des attaques aériennes israéliennes sanglantes ces dernières 24 heures dans le territoire palestinien assiégé et dévasté.
Résolution de l'ONU ignorée
Malgré le vote lundi d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un cessez-le-feu "immédiat" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages", la guerre fait toujours rage dans l'étroite bande de terre contrôlée par le Hamas depuis 2007.
"Nous avons entendu une énorme explosion. Les décombres sont tombés sur nous (...) Il y a eu 22 ou 23 martyrs", a déclaré Houssam Qazaat, un déplacé, au milieu des destructions dans la ville de Rafah, dans le sud du territoire.
Morts noyés ou écrasés
Signe d'une situation humanitaire désespérée, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en mer en essayant de récupérer de la nourriture parachutée et six tuées dans des bousculades dans les mêmes circonstances.
Le Hamas a appelé à cesser les largages aériens et ouvrir les accès terrestres à l'aide humanitaire, strictement contrôlés par Israël. L'aide humanitaire, très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d'habitants, arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, et ne parvient que très difficilement dans le nord du territoire.
Face à cette situation, plusieurs pays organisent des largages de colis alimentaires sur Gaza, où l'ONU redoute une famine généralisée, même si tous soulignent que ces opérations ne peuvent se substituer aux routes terrestres.
"Les parachutages d'aide sont l'un des nombreux moyens que nous utilisons pour fournir l'aide dont les Palestiniens de Gaza ont si désespérément besoin et nous allons continuer à le faire" tout en "travaillant sans relâche pour augmenter l'arrivée d'assistance humanitaire par voie terrestre", a déclaré un porte-parole de la Maison Blanche.
La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en visite en Israël, a de son côté plaidé pour étendre massivement les livraisons de vivres à Gaza en facilitant le passage des camions.
Morts pour une boîte de thon
Le Hamas a dit avoir "prévenu" les pays impliqués du "danger" de ces opérations, notamment "car une partie de cette aide tombe dans la mer". Au sol, les habitants observent les parachutes et se précipitent quand ils atterrissent, se bousculant et se battant même.
"Des gens meurent pour une boîte de thon", a lancé l'un d'eux, Mohamad Al-Sabaawi, brandissant l'unique boîte de thon qu'il a pu récupérer.
De retour chez lui, dans la ville de Gaza, un autre Palestinien juge sa situation misérable. "Nous attendons les largages d'aide, nous sommes prêts à mourir pour obtenir une boîte de haricots, que nous partageons ensuite entre 18 personnes", confie-t-il.
Résolution votée à l'ONU
Des combattants du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené le 7 octobre une attaque dans le sud d'Israël dans le contexte du très long conflit israélo-palestinien, qui a entraîné la mort d'au moins 1160 personnes, surtout des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Toujours d'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
Israël a juré de "détruire" le Hamas et mène depuis une offensive sanglante dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 32'414 morts majoritairement des civils selon un dernier bilan du ministère de la santé du Hamas.
Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu, par 14 voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis qui avaient jusqu'alors bloqué trois projets de résolutions mentionnant un "cessez-le-feu".
"Pas le droit moral d'arrêter la guerre"
Furieux contre les Etats-Unis, Israël a annulé la visite d'une délégation attendue à Washington. "Nous n'avons pas le droit moral d'arrêter la guerre tant qu'il y a des otages à Gaza", a déclaré son ministre de la Défense Yoav Gallant, en visite aux Etats-Unis, insistant sur la nécessité de "vaincre" le Hamas.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a lui jugé mardi "trop élevées" les pertes civiles dans la bande de Gaza.
Le Hamas a salué l'appel à un cessez-le-feu et accusé Israël d'avoir provoqué "l'échec" des pourparlers menés à Doha par l'intermédiaire du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis pour tenter de parvenir à une trêve accompagnée d'une libération des otages.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a pour sa part rejeté sur le Hamas la responsabilité du blocage, l'accusant d'avoir réitéré des "exigences extrêmes". Le Qatar a souligné mardi que les pourparlers se poursuivaient à Doha.
Trois hôpitaux visés
Malgré les craintes de la communauté internationale, Benjamin Netanyahu se dit déterminé à mener une offensive terrestre à Rafah, où sont massées près d'un million et demi de personnes, selon l'ONU, en majorité déplacées par la guerre.
Alors que moins d'un tiers des hôpitaux de la bande de Gaza sont opérationnels, et ce partiellement, d'après l'ONU, trois hôpitaux, accusés par Israël d'abriter des bases du Hamas, sont visés par des opérations de l'armée.
Une opération a débuté le 18 mars autour et dans l'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza, dans le nord, le plus grand du territoire, où l'armée a dit avoir tué 170 combattants palestiniens. A Khan Younès, dans le sud, les soldats encerclent l'hôpital Nasser, selon le Hamas et des témoins qui ont fait état de tirs.
A environ un kilomètre de là, l'hôpital al-Amal a aussi été visé depuis dimanche. Il est aujourd'hui "hors service", a indiqué mardi le Croissant-Rouge palestinien, après que l'armée a évacué ses occupants.
Numéro 2 du Hamas "éliminé"
L'armée israélienne a affirmé dans ce contexte avoir "éliminé" il y a 2 semaines le numéro 2 de la branche armée du Hamas Marwan Issa, dans une attaque à Gaza. Elle confirmait une information déjà diffusée par la Maison Blanche le 18 mars. Selon Tel Aviv, il aurait participé à l'organisation des attaques du 7 octobre.
Il s'agit du responsable le plus haut placé dans le mouvement palestinien tué par l'armée israélienne à Gaza depuis le début de la guerre.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp