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Genève

Marta Peiro: "J'étais littéralement en train de tuer mon corps"

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© Marc Delacrétaz / Servette FCCF

Une semaine après l'annonce de sa retraite forcée à cause de l'endométriose, Marta Peiro, 24 ans, ancienne joueuse du Servette FC Chênois féminin, témoigne sur Radio Lac. Elle revient sur sa décision, sa souffrance quotidienne et son avenir après le football.

Version longue de l'interview:

Marta PeiroAncienne joueuse du Servette FC Chênois féminin

 

Pourquoi avez-vous pris cette décision?

Je n'ai pas vraiment pris de décision, je n'avais pas d'autre choix. Et c'est quelque chose que je veux faire comprendre à tout le monde. Je suis récemment allée chez le gynécologue et j'ai vu l'état de mes ovaires et de mon appareil reproducteur. J'ai vu que le traitement ne donnait aucun résultat positif. Nous sommes donc parvenus à la conclusion avec mon gynécologue que j'avais besoin de me reposer, que je ne pouvais pas continuer à mener cette routine de footballeuse professionnelle avec autant d'efforts tous les jours, sans me reposer. Parce que j’étais littéralement en train de tuer mon corps. Ma fertilité s'est réduite, j'ai déjà eu beaucoup de problèmes et donc la meilleure chose à faire maintenant est de prendre soin de moi et d'essayer de retrouver un peu de qualité de vie. Chose que je n'ai pas eu l'année dernière parce que cette année n'a été que douleurs, douleurs et encore plus de douleurs.

 

"Je n’avais pas d’autres choix que de prendre cette décision"

 

A quoi ressemble le quotidien d’une athlète professionnelle qui souffre d’endométriose?

C'est une routine très difficile et je n'ai pas la même capacité de récupération que les autres joueuses. C'est la routine que j'ai suivie toute ma vie, mais j'ai toujours eu beaucoup de problèmes et je ne savais pas pourquoi. Maintenant, j'ai la réponse. Et évidemment, je voulais suivre ce traitement parce que j’aimerais être mère dans le futur.

J'ai fait des efforts, mais ces derniers mois j'avais peur de m'entraîner, peur de sortir et de ne pas pouvoir marcher correctement, de ne pas bien dormir, d'avoir beaucoup de douleurs, d'avoir des infections, des saignements, comme j’en ai eu ces derniers mois. J'ai perdu tellement de qualité de vie que, mentalement, cela m'a beaucoup affecté et je le vivais vraiment mal. Et je le redis : je n’avais pas d’autres choix que de prendre cette décision si je voulais vivre un peu en paix.

 

On imagine la difficulté de prendre cette décision. Est-ce que vous sentez quand même une forme de soulagement?

C'est au-delà de toute difficulté. Parce que je vais avoir 25 ans, que ça fait 20 ans que je joue, dont neuf en tant que professionnelle. Comment dire au revoir à ce qui a été votre passion, votre vie, ce pour quoi vous avez tout quitté? Comment dire au revoir à ça? Au début, je ne l'ai pas bien accepté et je le prenais assez mal. Je pleurais tout le temps, je n'étais pas prête. Je voulais me battre davantage. J'allais à l'entraînement, frustrée, je disais que ça allait mais je repartais avec des douleurs, des douleurs et des douleurs...

Puis, lorsque vous dépassez toutes les limites possibles, vous prenez la décision à tête reposée. Parce que tu dis vraiment : "Marta, tu veux vivre correctement, n'est-ce pas? Tu n'y arriveras jamais comme ça". 

Donc, d'un côté, c'était très difficile parce que renoncer à toute sa vie n'est jamais facile et c'est une étape qui a été très belle pour moi. Mais d'un autre côté, le fait de n'avoir aucune autre option et de renoncer aussi à la douleur et à la souffrance que je porte en moi est un soulagement. 

 

"C'est une maladie qui va être là pour toujours"

 

Au final, vous avez priorisé la santé par-dessus tout?

Bien sûr! C'est ce que je dis à tout le monde à propos de cette maladie: il n'y a pas de remède. Il n'y a pas encore assez de recherches pour trouver un remède définitif. Donc, si le seul traitement que l'on me propose c’est de m’enlever tout mon système reproductif, c'est-à-dire de me vider complètement, de renoncer à être mère, et bien sûr d'avoir de nombreuses conséquences physiques et psychologiques, alors non ce n’est pas un traitement. C'est une maladie qui va être là pour toujours. Aujourd’hui je fais mes adieux à l'âge de 24 ans, mais si c’était à 30, 31 ou 32 ans, à un âge où j'aimerais être mère, j'aurais encore plus subi les conséquences. Il y a aussi beaucoup d'autres conséquences. Je ne peux donc pas détruire mon corps à 24 ans et souffrir davantage plus tard. Je n'avais donc pas vraiment le choix.

 

L’endométriose est un thème un peu tabou dans le monde du sport. Est-ce que c’était nécessaire d’en parler?

Oui, bien sûr. Et pas seulement l'endométriose. Je pense aussi que les règles sont encore un peu tabou et ça l’est d’ailleurs de moins en moins parce que des femmes comme moi donnent un peu de visibilité, simplement pour que les gens soient conscients de ce qui se passe.

Donc, si j'ai l'occasion de donner mon avis et de sensibiliser les gens à ce qui se passe, alors bien sûr je donnerai de la visibilité. Parce que dans le monde du sport, je ne connais pas beaucoup de personnes atteintes d'endométriose, surtout au niveau professionnel.

Je ne connais que l'entraîneuse de Chelsea qui, malheureusement, a subi une opération d'urgence et est maintenant absente. Mais c'est une maladie très difficile à combiner avec le métier de footballeuse professionnelle. J'ai essayé et parfois ça marche bien et parfois pas. Dans mon cas, ça n'a pas marché et vous ne pouvez rien faire de plus.

 

"Mon idée c'est de rester à Genève, je suis tombé amoureuse de la ville"

 

C’est quoi la suite pour vous?

Je suis très reconnaissante envers la vie, envers le club et auprès de tellement de personnes. Mon idée c'est de rester à Genève pendant un certain temps, car je suis tombée amoureuse de la ville. Je me sens vraiment chez moi ici. Et je sens aussi que j'ai commencé quelque chose avec l'équipe que je veux terminer cette année. Je veux aussi apprendre correctement le français et je vais continuer à faire mon master en ligne. Donc je ne vais pas partir de zéro. Je me lance aussi gentiment dans le monde du travail, des études, de la formation et de l'apprentissage des langues. L’idée, c’est d'être plus liée au football, même si c'est d'une manière différente.

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Genève

Sextorsion et cyberharcèlement: Comment sensibiliser les élèves du cycle?

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Sensibiliser les jeunes au risque du cyberharcèlement, au droit à l'image ou encore à la notion de sextorsion. Voilà le but du programme « Prévention numérique dans les cycles d'orientation », organisé ces deux jours à Genève.

"Tout ce que vous faites sur internet laisse des traces". Un risque qui a été rappelé aux élèves du cycle d'orientation. Le programme « Prévention numérique dans les cycles d'orientation », organisé pendant deux jours à Genève, réunit le Département de l'Instruction Publique, la Police Genevoise ainsi que l'Ordre des avocats.

Objectif: faire prendre conscience aux jeunes des dangers potentiels qui peuvent se cacher derrière l’écran. Les élèves de 9P ont notamment été sensibilisés à la notion de sextorsion qui consiste à extorquer de l'argent en effectuant du chantage à caractère sexuel. Et la tranche d’âge n’a pas été choisie au hasard. 80% des victimes de sextorsion sont mineures. Et celles recensées l’an passé à Genève avaient entre 13 et 15 ans. Il est donc important de faire de la prévention. Reportage lors d'une présentation de ce programme au cycle de l'Aubépine.

 

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Genève

Un nouveau restaurant forme les chômeurs à Plan-les-Ouates

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L’inauguration ce jeudi du café-restaurant d’application Le Spark.  Outre les apprentis, l’établissement situé à Plan-Les-Ouates a pour but de former des demandeurs d’emploi souhaitant évoluer dans les métiers de la restauration.

Ils seront encadrés par des professionnels pendant deux mois pour acquérir des compétences et ainsi, à terme, bénéficier d’une reconnaissance d'aptitudes professionnelles dans la restauration par les faîtières. L’objectif est de renforcer l’employabilité et la réinsertion professionnelle. Les précisions de Rodolphe Collet, responsable de la formation continue à la société des Cafetiers, Restaurateurs et Hôteliers de Genève.

La restauration, un secteur qui souffre d’une pénurie de main d'œuvre, rappelle Stéphane Jan,  Responsable des formations à la société des cafetiers.

Le projet est porté par la Fédération des Entreprises Romandes Genève, en collaboration avec le canton, la commune de Plan-les-Ouates et la Caisse interentreprises de prévoyance professionnelle, propriétaire des bâtiments.

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Genève

Le site d'entrainement militaire d'Epeisses s'ouvre au public

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Le centre d'entrainement et d'instruction d'Epeisses à Avully ouvre ses portes au public ce samedi - copyright : CITS

C'est un lieu méconnu, loin des regards, aux confins du canton, qui s'ouvre au public: le centre d'exercices d'Epeisses dévoile son fonctionnement à la population, le temps d'une journée. 

Un an après son inauguration, le site militaire d’Epeisses ouvre ses portes au public ce samedi à Avully. L’occasion de découvrir les coulisses d’un centre d'entraînement unique en Europe.

Le site abrite le centre d'instruction des troupes de sauvetage (CITS 76), qui est le pôle de compétences pour des opérations militaires d'envergure lors de sinistres graves ou de catastrophes. Il regroupe aussi le centre d'instruction feu et protection civile.

Située sur une ancienne gravière entre les villages de Chancy et Avully, la place d'Epeisses se déploie sur 17 hectares. Ses installations modulaires s'adaptent aux exigences des exercices, avec un village constitué de décombres réalistes. Un simulateur pour les grands feux permet aussi différents scénarios de lutte contre les feux urbains et industriels.

Visite guidée avec Benoît Rouchaleau.  

 

 

La journée portes ouvertes a lieu ce samedi de 9H à 17H. L’entrée est gratuite. Une trentaine de démonstrations seront proposées au public. Emmanuelle Lo Verso, responsable de communication de crise:

 

Des navettes spéciales seront également organisées pour acheminer le public jusqu'à la place d'exercice.

 

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Culture

Le Musée Ariana à Genève donne la parole à ses donateurs

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Dans sa nouvelle exposition, le Musée Ariana s'intéresse à ses donateurs et mécènes (photo d'illustration). (© KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI)

A Genève, la nouvelle exposition du Musée Ariana "Faire don, une affaire de c½ur ou de raison ?" donne la parole à ses mécènes. Dès vendredi et jusqu'au 2 mars 2025, douze propositions mettent en lumière histoires et récits de donations qui représentent la majorité de ses collections.

Au fil des décennies, plus de 1000 donateurs ont façonné les collections du Musée suisse de la céramique et du verre à Genève. Les trois quarts de ses ½uvres sont issus de dons, de legs ou d’aide à l’acquisition.

A commencer par celles du fondateur du musée, Gustave Revilliod (1817-1890), qui lui a légué plus de 4700 oeuvres en céramique, verre et vitrail. Des contemporains de Revilliod – hommes de science, conservateurs de musée, marchands, artistes ou autres - nourriront également ce groupe originel.

Dédié à la céramique dès 1934, le Musée Ariana accueillera progressivement toutes les collections publiques de ce domaine, à l’exception des pièces archéologiques. Il s'enrichira en qualité et quantité grâce au mécénat, aux sociétés d'amis, aux dons de céramistes, d'artistes, aux héritages ou collections.

Nouvelle acquisition

Tous ces dons permettent de raconter, d’exposer et de valoriser les histoires infinies des techniques, des formes, des décors et de leurs usages. Le public peut également se régaler d'anecdotes quant à la vie des objets et de leurs propriétaires.

Le Musée Ariana invite par ailleurs ses visiteurs à participer à l’achat d’une nouvelle oeuvre. L'institution souhaite acquérir une sculpture monumentale du céramiste Torbjørn Kvasbø. Les "mécènes" seront invités à une rencontre avec cet artiste norvégien qui jouit d’une renommée internationale depuis plusieurs décennies.

www.musee-ariana.ch

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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Economie

La Banque CIC (Suisse) a enregistré un meilleur bénéfice annuel

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La Banque CIC (Suisse), émanation helvétique de la filiale du groupe français Crédit Mutuel, a vu son bénéfice croître de plus de moitié à 40,7 millions de francs l'an dernier. Elle emploie 450 personnes dans neuf villes, dont Genève. (© KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI)

La Banque CIC (Suisse), émanation helvétique de la filiale du groupe français Crédit Mutuel, a vu son bénéfice croître de plus de moitié à 40,7 millions de francs l'an dernier. Elle emploie 450 personnes dans neuf villes du pays.

Le produit d'exploitation s'est rétracté de 2,6% à 185,6 millions, malgré "une hausse notable du résultat brut des opérations d'intérêt" de presque 28% à 149 millions, selon l'établissement bâlois, a annoncé l'établissement bancaire jeudi. Le résultat des opérations de commissions et des prestations de services s'est établi à 43,4 millions (+1,9%).

Les prêts hypothécaires ont crû de 2,5% à 7,3 milliards de francs, tandis que les créances à la clientèle sont en hausse de 0,9% à 2,5 milliards. Les fonds propres totaux ont augmenté de 3,5% à 849 millions et le ratio de fonds propres globaux s'est établi à 14,6%. Le total du bilan a reculé de 2,4% à 12,7 milliards.

La Banque CIC (Suisse) emploie 450 personnes dans neuf villes du pays. En Suisse romande, elle est présente à Genève, Fribourg Lausanne, Neuchâtel et Sion.

Cet article a été publié automatiquement. Source : ats

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