Les débats se sont ouverts avec l'interrogatoire du principal prévenu, celui qui, selon l'acte d'accusation, a échafaudé le plan et a choisi l'équipe pour le réaliser. Ce Français d'origine marocaine, âgé de 33 ans, a tout contesté devant les juges. "Je n'étais pas dans l'appartement de la famille ni devant la banque".
Il a pourtant avoué avoir songé, en 2011, attaquer la succursale de l'UBS de Cornavin et avoir été soupçonné d'acte préparatoire par la police, avec un passage en détention préventive.
Mais en 2013, ce projet lui était sorti de la tête. "Je n'aurais jamais fait comme ont procédé les braqueurs", affirme-t-il devant la cour.
A chaque question de la présidente, le prévenu se lance dans des réponses interminables. Au fait de tous les éléments du dossier, il signale plusieurs fois que ses "déclarations ne souffrent aucune contradiction".
Lorsqu'il apprend le braquage de la banque grâce aux notifications envoyées par la presse sur sa tablette, il prend peur, explique-t-il. "J'ai paniqué, car je n'avais aucun doute que j'allais être arrêté".
Il décide alors de se rendre au Maroc. Il contacte une connaissance qui a ses réseaux dans l'aviation privée et lui demande s'il est possible de quitter la Suisse incognito. L'homme, également prévenu dans ce dossier, lui répond par l'affirmative. Il exige 50'000 francs.
De l'hélicoptère à l'avion
"J'avais fait des économies pour m'installer au Maroc et je disposais à l'époque entre 60'000 et 65'000 francs", relève l'accusé. Le marché est conclu. Le lendemain du braquage, le prévenu se fait d'abord conduire par un chauffeur à Prangins. Depuis la localité vaudoise, il monte dans un hélicoptère.
L'appareil le dépose directement sur le tarmac de l'aéroport de Genève. L'accusé embarque ensuite dans un avion privé, en évitant ainsi les contrôles douaniers. Le prévenu se retrouvera quelques heures plus tard à Marrakech, après une escale à Malaga, en Espagne.
Lundi, le Tribunal correctionnel a entendu un autre prévenu. Enfant d'Annemasse, ce trentenaire a grandi au Perrier, un quartier où les gens ont presque tous un casier judiciaire, selon ses dires.
Lui aussi nie sa participation au braquage et à la séquestration de la famille de l'employé de banque. Il ne s'explique pas comment son ADN s'est retrouvé sur un bout de ruban adhésif qui a servi à ligoter les otages.
De faux policiers
Selon l'acte d'accusation, le jour des faits, trois des prévenus dans cette affaire se rendent pendant l'heure de midi au domicile de la mère de l'employé de banque. Ils pénètrent dans l'appartement en se faisant passer pour des policiers. Sur les lieux, outre la mère, se trouvent le frère de l'employé de banque et sa fille.
Les braqueurs entravent tout le monde puis font des photos avec une tablette. Deux d'entre eux, ensuite, enfourchent une vespa et rejoignent un complice devant la banque. Toujours selon l'acte d'accusation, celui-ci surveille l'employé qui prend une pause à l'extérieur de l'établissement.
L'un des braqueurs accoste alors l'employé et lui montre des images de sa famille prise en otage. Il lui donne deux sacs et lui ordonne de les remplir avec de l'argent s'il veut revoir ses proches sains et saufs. L'employé, qui a accès à la salle des coffres, s'exécute et remet 1,25 million de francs aux malfrats.
Les cinq accusés comparaissent libres devant le Tribunal correctionnel. Le procès se poursuit jeudi avec l'interrogatoire des trois prévenus qui doivent encore être entendus.