L'entrée en matière a été acceptée par 82 voix contre 12 (UDC). La première mouture du projet de budget présenté par le Conseil d'Etat en septembre affichait un déficit de 255,7 millions. Ce dernier avait ensuite été réduit à 100,5 millions grâce à des prévisions fiscales revues à la hausse.
La commission des finances a finalement effectué des coupes de l'ordre de 55 millions pour arriver à un déficit de 44,8 millions. "Il n'y avait pas besoin de procéder à ces économies forcées", a relevé jeudi la cheffe du Département des finances Nathalie Fontanet. L'élue PLR a rappelé aux députés que les finances cantonales étaient saines.
Urgence sociale
"Nous sommes à des années-lumière d'un budget d'austérité", a relevé Jacques Blondin, député du Centre et rapporteur de majorité. Et de souligner l'indexation des salaires de 1% de la fonction publique et le maintien des annuités. Selon M.Blondin, les prestations sociales en faveur de la population sont maintenues. Sur les 492 postes demandés 342 sont acceptés, a-t-il insisté.
Mais pour la gauche, ces coupes sont indignes. "Genève a mal à sa justice sociale", a relevé la socialiste Caroline Marti, rapporteuse de minorité. Ces coupes visent précisément les moyens prévus pour répondre à l'urgence sociale et climatique, a insisté Mme Marti. Les Verts veulent aussi un budget "à la hauteur" pour répondre à la transition énergétique et aux besoins des plus vulnérables.
Plus de 150 amendements
Les deux partis ont déposé une multitude d'amendements pour contrer les velléités de "la droite élargie et arrogante", selon les termes de la Verte Marjorie de Chastonay. Mais ces propositions de la gauche sont systématiquement refusées par la majorité de droite. Des amendements du Conseil d'Etat qui visaient à rétablir des postes ont aussi été refusés.
C'est le cas d'un amendement qui consistait à rétablir des postes que le gouvernement demandait pour mettre en oeuvre le milliard voté par le Grand Conseil pour l'assainissement énergétique du parc immobilier de l'Etat. Ce refus a irrité le président du Conseil d'Etat Antonio Hodgers. "C'est absurde!", a-t-il lancé en accusant les députés de ne pas être à la hauteur des défis.
La gauche a annoncé qu'elle ne voterait pas le budget s'il n'était pas amendé. L'UDC, qui a aussi déposé de nombreux amendements pour diminuer les dépenses, a de son côté indiqué qu'elle ne voterait pas un budget déficitaire, quel qu'il soit. Selon le député Michael Andersen, Genève a les moyens de mener des politiques publiques sans pour autant toujours engager des centaines de personnes. La réallocation des ressources fait partie des solutions prônées par la droite.
Fonctionnaires en colère
A ce stade, le projet de budget prévoit des revenus de 10,32 milliards pour des charges de 10,37 milliards. Les investissements nets s'élèvent à 695,7 millions de francs. Les débats se poursuivent vendredi. Pour être accepté, un budget déficitaire doit recueillir au minium 51 voix. La majorité composée du PLR (22 voix), du Centre (9 voix), du MCG (14 voix) et de Libertés et justice sociale (10 sièges) devrait suffire.
Ces débats ont eu lieu alors qu'un troisième rassemblement de la fonction publique était organisé devant l'Hôtel-de-Ville. Près de 500 personnes ont manifesté à l'appel du Cartel intersyndical pour exiger une indexation pleine et entière et pour s'opposer aux coupes budgétaires. Les coupes "à la hache" dans les subventions de l'Avivo et de l'Hospice général ont notamment été fustigées.