Présenté jeudi par le Conseil d'Etat in corpore, le projet de budget 2024 de l'Etat de Genève prévoit un déficit de 256 millions de francs. A ce stade, aucune indexation salariale ne sera accordée aux fonctionnaires.
"Ce premier projet de budget de la législature 2023-2028 peut être qualifié de budget de transition", a relevé le président du Conseil d'Etat Antonio Hodgers. Les orientations et les priorités du nouveau gouvernement seront révélées cet automne en même temps que le programme de législature et le plan financier quadriennal.
La mouture présentée jeudi n'intègre par conséquent pas de mesures structurelles. Le gouvernement sera attendu au tournant sur ce point, en particulier par le PLR et le Centre. "Le projet de budget n'est pas fortement marqué, mais il contient quand même des choix", a précisé la conseillère d'Etat Carole-Anne Kast. Il répond aux besoins de la population, à l'évolution démographique et à la crise migratoire, selon le Conseil d'Etat.
La gauche, désormais minoritaire au Grand Conseil, ne partage pas cet avis. Selon les socialistes, "les moyens annoncés sont insuffisants pour répondre aux besoins réels de la population". Les Verts-e-s déplorent pour leur part un manque d'ambition face à l'urgence climatique.
Ajustement méthodologique
Pour la première fois depuis les crises sanitaire et migratoire, le projet de budget respecte les dispositions du frein au déficit qui fixent le déficit maximum autorisé à 279 millions de francs. Ceci est dû à la forte croissance des revenus fiscaux, qui devraient augmenter de 570 millions à 8,523 milliards, soit une hausse de 7,2% par rapport au budget 2023.
La bonne santé des secteurs phares de l'économie genevoise, dont le commerce international, permet de tirer ces revenus fiscaux vers le haut. Souvent sous-estimées lors des exercices précédents, ces recettes fiscales ont bénéficié d'un ajustement méthodologique afin de limiter les écarts considérables entre les budgets et les comptes. Ceux de 2022 affichaient un excédent 727 millions.
Des postes supplémentaires
Les revenus de fonctionnement atteignent 10,111 milliards (+6,3%). Au niveau des charges, le Conseil d'Etat a annoncé une hausse de 3,8% (+383 millions). Elles atteignent 10,367 milliards. La croissance des postes est inférieure à 2%, hors crédits supplémentaires acceptés et régularisations des postes de l'exercice 2023.
"On voulait ainsi rester dans une ligne qui peut être acceptée par le Grand Conseil", a relevé Thierry Apothéloz, chef du Département de la cohésion sociale. Le Conseil d'Etat prévoit ainsi 356 postes supplémentaires, en particulier dans le domaine de la formation en lien avec la hausse des effectifs des élèves (+128 postes).
Les syndicats ne sont pas satisfaits pour autant. Selon eux, les postes garantis ne sont pas adaptés aux besoin. Geneviève Preti, Présidente du Cartel Intersyndical.
Cette augmentation fait bondir la droite. Le PLR "regrette l'importante augmentation des postes qui dépasse largement la hausse de la population". L'UDC ne soutiendra pas ce "budget scandaleux", qui prévoit la création de 356 postes "pour pallier en grande partie l'immigration massive".
Pas d'indexation
L'annuité des fonctionnaires, qui découle d'une obligation légale, sera versée en 2024, a annoncé le Conseil d'Etat. En revanche, le gouvernement renonce, à ce stade, à indexer les salaires de la fonction publique afin de rester dans les limites du déficit admissible. Les explications de Nathalie Fontanet, Conseillère d'Etat chargé des finances.
Une décision qui fait bondir les syndicats. Françoise Weber, membre du bureau du Cartel Intersyndical ne mâche pas ses mots.
Cette mesure est inacceptable pour le MCG et pour la gauche.
Les investissements sont maintenus à un niveau élevé avec 729 millions nets prévus en 2024, soit une hausse de 9% par rapport au projet de budget 2023. La mobilité décroche 26% de la somme totale. Un effort conséquent est aussi mis pour accélérer les transitions écologique et numérique.
Place maintenant au processus parlementaire. Le document va être examiné et amendé par la Commission des finances durant l'automne.
MH avec Keystone-ATS