L'organisation paysanne Uniterre a lancé lundi sa campagne pour une souveraineté alimentaire. Déposée en mars 2016, son initiative exige une agriculture écologique et diversifiée tournée vers la production locale, ainsi que des conditions de travail équitables.
"Non à la multiplication des machines de plus en plus grandes et de plus en plus chères. Non à l'agrandissement permanent des exploitations", assène la vice-présidente de l'Alliance pour la souveraineté alimentaire, Ulrike Minkner, en présentant l'initiative qui sera soumise au vote le 23 septembre.
Exigeant que l'agriculture suisse cesse d'être sacrifiée sur l'autel du marché mondial, la paysanne prône le renforcement des structures régionales à taille humaine qui produisent des denrées locales. Un moyen, selon elle, d'enrayer l'exode rural et le chômage à la campagne.
Dans cette optique, l'initiative revendique des salaires équitables et encourage les échanges commerciaux directs entre paysans et consommateurs. La proposition d'Uniterre entend également instaurer des barrières douanières pour les produits étrangers, voire une interdiction de l'importation de ceux non conformes aux normes sociales et environnementales suisses.
La députée fribourgeoise (Les Verts) Sylvie Bonvin précise toutefois qu'"il ne s'agit pas de renoncer à la mondialisation des échanges agricoles, mais de mieux gérer les échanges, les besoins des uns et des autres, les capacités agricoles et naturelles des territoires."
Priorité à l'humain et la nature
Le texte, qui promeut une agriculture sans OGM, permettrait en outre de "mettre un terme au pillage des terres et des ressources" par les sociétés transnationales de l'agroalimentaire et une meilleure solidarité avec l'hémisphère sud, indique la secrétaire générale de Solidarité sans frontières Amanda Loset.
Et d'expliquer que l'agrandissement des multinationales se fait au détriment des paysans locaux que ce soit en Suisse ou à l'étranger. Empêcher ces sociétés d'avoir une mainmise sur l'agriculture permet aux pays de "se développer comme ils le souhaitent" et d'"offrir un futur à leur jeunesse".
"Il s'agit de remettre au centre de nos préoccupations l'être humain et la nature, plutôt que le profit à tout prix", conclut-elle. La présidente des Jeunes Socialistes Suisse Tamara Funiciello poursuit cette réflexion en assurant que l'initiative permettrait de reprendre le contrôle de la nutrition et de démocratiser le système alimentaire.
Interrogés sur la possibilité que de telles mesures fassent augmenter les prix, les initiants répondent que ce ne sera pas nécessairement le cas. "Plus l'offre est grande, plus les prix ont tendance à baisser", fait remarquer Ulrike Minkner.
Soutien populaire
Bien que l'initiative soit décriée par la plupart des partis, elle semble avoir le soutien de la population. Selon un sondage Tamedia publié la semaine passée, 62% des votants lui sont favorables, alors que 34% la rejettent et que 4% ne se prononcent pas.
Uniterre n'est pas le seul acteur à vouloir thématiser la question de l'alimentation. Les Verts ont déposé leur propre initiative, également au menu de la votation de septembre.
Source ATS - Photo ©KEYSTONE/GAETAN BALLY