A Genève, le directeur de l'Aide aux migrants à l'Hospice général, Mathieu Crettenand, appelle à renforcer le suivi des jeunes en détresse, après le suicide dimanche d'un jeune Afghan. "Il est impératif de renforcer le dispositif d'intégration en général et en particulier la formation et l'intégration professionnelle", estime-t-il jeudi dans un entretien au Temps.
Interrogé sur le parcours du requérant d'asile mineur non accompagné (RMNA) de 20 ans retrouvé dans le Rhône, M. Crettenand relève que le jeune homme "n'est pas passé entre les mailles du filet. Il a au contraire fait l'objet d'un important suivi, avec des assistants sociaux et les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) notamment. Force est de constater que cet encadrement ne s'est pas révélé suffisant ou adéquat et cela m'attriste grandement", déclare-t-il.
"Ce drame, c'est l'échec du système dans sa globalité, qui inclut l'ensemble des acteurs. Toutefois, cela renforce ma conviction qu'on doit faire mieux, collectivement, pour accueillir ces jeunes. Il y a heureusement des perspectives d'amélioration", poursuit-il.
Transition vers l'âge adulte
Concernant le dispositif d'accueil, la pratique doit être réinterrogée "pour réussir à mieux gérer les situations complexes, en collaboration avec le réseau. Nous avons fermé l'Etoile et proposons désormais des hébergements de petites tailles", relève M. Crettenand.
Et de préciser qu'à leur arrivée à Genève, les RMNA passent désormais un diagnostic socio-sanitaire en partenariat avec les HUG, et sont ensuite orientés et suivis en fonction de leurs besoins. "Mais ce n'est que le début, il reste encore beaucoup à faire", souligne-t-il.
La majorité des jeunes Afghans, qui constituent 85% de demandeurs d'asile mineurs à Genève, arrivent en Suisse vers 15-16 ans. "Cela signifie qu'ils ne bénéficient pas longtemps de l'encadrement dévolu aux mineurs. Or, le passage à l'âge adulte est un moment-clé, il faut réussir à accompagner cette transition pour que les jeunes ne se sentent pas lâchés une fois majeurs", explique le directeur.
Cérémonie la semaine prochaine
"On travaille actuellement à un suivi renforcé, notamment avec la Fondation genevoise pour l'animation socioculturelle, la Fondation officielle pour la jeunesse, les HUG et le Département de l'instruction publique, mais aussi avec une équipe d'éducateurs mobiles qui se déplacent dans les différents lieux d'hébergement". Pour M. Crettenand, la meilleure manière de permettre aux jeunes requérants de se reconstruire en Suisse est de leur proposer un avenir.
"Il y a beaucoup de tristesse chez les jeunes mais aussi chez les collaborateurs qui ont connu Ali. L'enjeu, c'est de gérer ce moment douloureux en offrant l'accompagnement le plus adéquat possible. Plusieurs lieux de recueillement ont ainsi été mis en place dans différents foyers et une cérémonie aura lieu la semaine prochaine", annonce-t-il. Deux autres cas de suicide de jeunes migrants afghans avaient défrayé la chronique à Genève en 2019 et en 2022.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats