Les députés se sont penchés mardi en premier débat sur Investpro, le plan du Conseil d'Etat vaudois destiné à lutter contre la pénurie du personnel de santé. Le projet initial présenté par le gouvernement est ressorti pratiquement intact au terme de deux heures de discussions animées.
Pour rappel, le programme se chiffre à 90 millions de francs pour la période 2024-2027 et consiste en trois axes. Le premier vise à augmenter, de 300 à 450, le nombre d'infirmières et infirmiers formés chaque année dans le canton. En effet, selon des chiffres officiels, il devrait en manquer entre 2000 et 2500 dans le canton d'ici 2030, ainsi qu'environ 500 assistants en soins communautaires (ASSC).
Le deuxième axe entend promouvoir les professions des soins, de santé et du socio-éducatif, notamment par le biais d'actions dans les écoles et auprès des parents.
Enfin, le troisième axe consiste en une amélioration des conditions de travail et un soutien pour un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle, afin de fidéliser les collaborateurs dans les professions de soin. A l'heure actuelle, plus d'un tiers d'entre eux quitte la profession avant 35 ans, notamment en raison de la pénibilité.
Réserves de la gauche
Les députés ont accepté l'entrée en matière à l'unanimité, saluant la proactivité du Conseil d'Etat sur un dossier complexe, seulement trois ans après l'acceptation par le peuple de l'initiative fédérale pour des soins infirmiers forts.
La gauche a toutefois émis quelques réserves. Sébastien Cala, chef du groupe socialiste, a estimé que le projet de décret n'était "pas à la hauteur des enjeux", tandis que Marc Vuilleumier (Ensemble à gauche - POP), a souligné qu'en dépit du plébiscite de l'initiative dans le canton, le projet s'était "arrêté en chemin" et qu'il manquait "quelques dizaines de millions" pour mener à bien les trois axes.
Divergences salariales
La question de la mise à niveau des salaires du secteur sanitaire parapublic vaudois (CCT-San) avec ceux de l'Hôpital Riviera-Chablais (CCT-HRC) et du CHUV a suscité un intense débat, à la suite d'un amendement proposé par M. Cala. Ce point faisait d'ailleurs l'objet d'une pétition remise une semaine plus tôt au Grand conseil par le Syndicat des services publics et la Fédération syndicale SUD.
Selon des chiffres fournis par la gauche, les infirmières et infirmiers tributaires de la CCT San gagnent en moyenne 8000 francs de moins par an que ceux du CHUV ou de cantons voisins. "Il est temps de reconnaître l'engagement du personnel de santé", a estimé M. Cala. La droite a dénoncé le coût de cet amendement, qui, selon le PLR Alexandre Berthoud, s'élèverait à 80 millions par an.
"La fidélisation des professionnels ne se fait pas uniquement par le salaire. Les gens veulent l'harmonie au travail et ce n'est pas via l'argent que cela se fait", a argumenté son collègue de parti François Cardinaux. "Quand on peut gagner 10'000 francs de plus dans le canton d'à côté, les sous, ça compte quand même", a rétorqué M. Cala.
"Eviter l'arrosage"
La ministre de la santé Rebecca Ruiz a pour sa part tenu à rappeler que l'Etat injectait 30 millions par an depuis 2019 dans différents secteurs de la CCT San et que de multiples écarts avaient ainsi été comblés. Au final, l'amendement a été refusé par 76 voix contre, 60 pour et deux abstentions.
Autre point d'achoppement: l'amendement proposé par la libérale-radicale Florence Gross, visant à retirer les aides en soin et accompagnement et les assistants socio-éducatifs des bénéficiaires du programme "afin d'éviter l'arrosage". La gauche a dénoncé une "tentative bien jouée de diviser le personnel".
Mme Ruiz a pour sa part relevé que la pénurie des assistants socio-éducatifs, même si elle n'est pour l'heure pas massive était toutefois annoncée. Les députés ont refusé cet amendement par 71 non contre 69 oui et aucune abstention.
A l'exception de ces points, la majorité des articles a été acceptée à une très large majorité. Les députés se resaisiront du projet de décret prochainement, dans le cadre du deuxième débat.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats