Pour les juges, l'accusé s'est rendu coupable d'une "véritable exécution". Il a agi avec un "sang-froid glaçant", vidant à deux reprises le chargeur de son pistolet semi-automatique sur sa victime, rejoignant cette dernière dans le salon de thé dans lequel elle s'était enfuie pour "l'exterminer comme un chien".
Le tribunal a souligné "le comportement terrifiant" du prévenu qui a fait vivre "l'indicible" à son voisin, qu'il connaissait pourtant depuis des années et avec qui il avait noué des liens d'amitié. La faute de l'accusé est "d'une gravité extrême". Elle a en outre été commise pour un "mobile éminemment futile".
Aux yeux du tribunal, "le sentiment d'infériorité" dont souffre l'accusé, sa frustration, "les échecs de sa vie", le tout associé à une personnalité borderline et paranoïaque, ont pu constituer un mélange détonant. Le prévenu voulait se venger de l'affront reçu après l'altercation. Sa colère s'est "cristallisée" sur sa victime.
Egocentrisme
Le tribunal a reproché à l'accusé son égocentrisme, l'ancien facteur, carrossier de formation, n'ayant toujours pas pris la mesure de ses actes. Les juges ont également déploré les tentatives du prévenu de constamment se justifier, d'évoquer des traumatismes subis durant l'enfance pour expliquer ses agissements.
Les juges ont en outre désapprouvé le comportement du prévenu qui s'est échiné, tout au long de la procédure, à salir la mémoire de sa victime. Il l'a fait passer pour un trafiquant de drogue, un caïd, un racketteur, alors qu'en vérité, elle était une personne "serviable et taquine", qui aimait appeler ses amis par des sobriquets.
En revanche, le tribunal n'a pas retenu la préméditation. Aucun élément ne permet d'affirmer, selon les juges, que l'accusé a recherché son malheureux voisin les jours qui ont suivi sa dispute avec lui. Se basant sur l'expertise, ils ont admis une responsabilité faiblement restreinte au prévenu.
Un massacre
Les faits se sont déroulés en mai 2016 dans la cité des Libellules. Le prévenu a tout d'abord tiré à trois reprises sur sa victime alors que celle-ci rentrait chez elle, dans l'allée de l'immeuble. Il s'est ensuite éloigné, a rechargé son arme, avant de rejoindre son voisin dans le tea-room où il avait trouvé refuge.
Dans l'établissement, en présence d'autres clients, l'accusé ajuste son arme en direction de sa victime et lui tire une fois dans le thorax, puis trois fois dans la tête. Il ressort du salon de thé, remet des balles dans son pistolet, puis rentre à nouveau dans le tea-room et tire deux nouvelles balles dans la tête de son ami.