La Suisse ne doit pas introduire de service citoyen pour toutes et tous. A l'instar du National, le Conseil des Etats a recommandé mercredi par 34 voix contre 9 le rejet de l'initiative populaire "Pour une Suisse qui s'engage", sans lui opposer de contre-projet.
L'initiative Service citoyen demande que tous les jeunes Suisses, femmes et hommes, s'engagent au bénéfice de la collectivité et de l'environnement. L'engagement pourrait être effectué au sein de l'armée, du service civil, de la protection civile ou d'un autre service de milice. Une compensation financière doit être prévue.
Actuellement, la sécurité doit avoir la priorité. Les effectifs de l'armée et de la protection civile doivent être garantis, a dit pour la commission compétente Andrea Gmür-Schönenberger (Centre/LU).
La priorité doit donc être donnée à la révision en cours des lois sur le service civil et sur la protection civile, ainsi qu'à l'introduction d'une obligation de servir dans la sécurité, comme le demande déjà la commission dans une motion qui sera traitée le même jour.
L'initiative priverait aussi le marché du travail de main-d'oeuvre et coûterait trop cher, a plaidé la centriste. Une position partagée par le Conseil fédéral. Avec ce service citoyen, de nombreuses personnes choisiraient probablement un domaine qui n'a rien ou peu à voir avec la sécurité, a craint le ministre de la défense Martin Pfister.
Redonner à la collectivité
Quelques centristes romands ont défendu le texte. On constate un délitement social, le sentiment d'appartenance dans notre pays se fracture, a dit Charles Juillard (JU). L'obligation de servir sur le modèle actuel de la milice atteint ses limites. Le choix du service civil est souvent fait par confort.
L'initiative offre une réforme ambitieuse, selon le sénateur jurassien. Selon le texte, la priorité serait donnée à l'armée et à la protection civile, devant l'environnement et le climat, la santé publique et le domaine cyber. "C'est un vrai moyen de sécuriser les effectifs et d'intégrer les enjeux contemporains."
Il a reçu le soutien du socialiste Daniel Jositsch (ZH): ce texte motiverait la jeunesse à participer à la société et à redonner de son temps pour la collectivité. L'initiative permet aussi d'entamer la discussion de fond sur la mise en place d'une obligation de servir pour les femmes.
Egalité en question
Mais ses collègues de parti n'en voulaient pas. Tant que l'égalité entre femmes et hommes dans le domaine des soins, des tâches et des salaires ne sont pas réglés, il n'est pas question de prévoir une obligation de servir pour les femmes, a dit en substance Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU).
Le PLR était aussi largement opposé au texte, craignant notamment la création d'un "monstre bureaucratique" pour gérer la mise en oeuvre.
Dans un premier temps, la commission avait envisagé un contre-projet qui aurait prévu l'extension de l'obligation de servir aux femmes dans la sécurité. Elle avait finalement renoncé. Le peuple tranchera.