Troisième jour à Genève du procès de Pierre Maudet et des autres protagonistes. Ce mercredi c’était le jour des plaidoiries des avocats. Premier à ouvrir le bal, l’avocat du chef de cabinet de Pierre Maudet, puis les deux avocats des hommes d’affaires d’origine libanaise.
Tous les avocats se sont efforcés de démonter le réquisitoire du Premier Procureur Stéphane Grodecki. Notamment la raison qui a poussé les accusés à organiser ce voyage. L’avocat de l’ancien chef de cabinet, Patrick Baud-Lavigne a regretté une affaire fortement teintée de moralisme et a invité la cour à s’en tenir aux faits. Celui de Magid Khoury s’est interrogé sur l’octroi d’un avantage. En appelant son oncle pour organiser l’invitation de la couronne émiratie, que cherchait-il ? obtenir une faveur comme a prétendu le procureur ? Faux ! répond l’avocat. Le partenariat public-privé Pré-du-stand, le projet immobilier à plusieurs millions, avait déjà été concocté par d’autres Conseillers d’Etat, Antonio Hodgers et Anne Emery- Torracinta, entre autres.
L’avocat d’Antoine Daher, lui, s’interroge encore : pourquoi a-t-on condamné son client pour ce voyage à Abu Dhabi alors qu’il n’a joué qu’un rôle très mineur et pourquoi ne l’a-t-on pas puni pour celui qu’il a organisé à Dubai, avec des hommes d’affaires genevois, quelques mois plus tôt? Antoine Daher doit être acquitté. Il n’a rien commis d’illicite et n’a retiré aucun avantage de ce voyage, lui qui était l’ami de Pierre Maudet, depuis plusieurs années. Nul besoin pour lui d’avoir accès au Conseiller d’Etat.
Les plaidoiries se sont poursuivies avec les avocats de Pierre Maudet. Maître Yaël Hayat ouvre les feux.
L’avocate genevoise débute avec ces mots: que peut-on dire encore sur Pierre Maudet après toutes les tempêtes médiatiques que cette affaire a engendrées? Elle invite la Cour à reprendre ses droits, à reprendre la main et juger. Elle revient sur les premiers mots qu’a prononcé l’ex-élu sur le financement du voyage à Abu Dhabi. Ceux d’un homme pressé. "Ce voyage a été payé par des amis genevois". Une version qu’il donnera aussi au Ministère public lorsqu'il l’interroge en 2017. Pierre Maudet, le Conseiller d’Etat, l’élu du peuple a peur de l’image qu’il donne. "Comme tout homme politique", assène Maître Hayat. Parce qu'il entretient des rapports distendus, de méfiance avec le journaliste qui l’interroge, il cache le double but public et privé du voyage. La peur d’être incompris est à l’origine du mensonge.
"Un mensonge causal, une faute grave" reconnaît l’avocate. Même s’il renonce à toute indemnisation pour le voyage. Un mensonge qui balaie tout le reste et qui jette une lumière frelatée sur les faits. Maître Hayat invite la Cour d’appel à juger l’homme et à se débarrasser de ce mensonge originel. Comme elle le ferait pour chaque personne qui se présente dans une enceinte judiciaire. Elle dira encore que Pierre Maudet est un homme de pouvoir mais pas un homme d’argent.
Maître Mangeat quant à lui, livre sa version juridique des faits. Le verdict ne sera connu que dans plusieurs semaines.