Trois mois de manifestations, un mouvement toujours aussi éparpillé et un début de lassitude qui gagne l'opinion. Pour leur acte 14, les "gilets jaunes" veulent agir tous azimuts samedi et dimanche avec des moyens d'action et des mots d'ordre parfois différents.
Vers 11h00, plusieurs centaines de manifestants vêtus de l'emblématique gilet jaune étaient rassemblés dans le calme à Paris, sur la place de l'Etoile en haut des Champs-Elysées, a constaté un journaliste de l'AFP.
"J'ai fait 12 des 14 actes. J'en peux plus de ce système pourri", affirme Christophe, 44 ans, venu des Yvelines. "Regardez le dernier exemple, Juppé a été jugé et condamné et il vient d'être nommé au Conseil Constitutionnel", ajoute cet employé d'une grande entreprise de transports, "choqué" par "le mépris de Macron".
Le rassemblement, placé sous haute surveillance des gendarmes mobiles, se déroulait dans une ambiance bon enfant, malgré quelques sifflets et fumigènes et des chants hostiles ("Emmanuel Macron, on vient te chercher chez toi").
En Meurthe-et-Moselle, des "gilets jaunes" étaient, eux, de retour sur les ronds-points, notamment à Pont-à-Mousson, Lunéville ou Essey-lès-Nancy. "Aucun blocage, ni filtrage ne sera toléré", a toutefois indiqué la préfecture. A Strasbourg, 110 "gilets jaunes" participaient à l'unique rassemblement prévu samedi matin, selon la police.
Mobilisation en baisse
Les chiffres du gouvernement, qui a recensé 51'400 manifestants en France lors de l'acte 13, esquissent une décrue de la mobilisation ces dernières semaines. Un affaiblissement toutefois contesté par le mouvement, qui concède seulement une stagnation de ses forces en revendiquant la présence de 118'000 manifestants samedi dernier.
Lancée le 17 novembre, cette contestation inédite voit également le large soutien populaire dont elle bénéficiait s'effriter: pour la première fois, une majorité de Français (56%) souhaitent que la mobilisation s'arrête, selon un sondage Elabe diffusé mercredi.
Et presque deux tiers des sondés (64%) pensent que les manifestations hebdomadaires "se sont éloignées des revendications initiales du mouvement", centrées notamment sur le pouvoir d'achat, la démocratie directe et les prix du carburant.
Malgré ces signes de lassitude, beaucoup de "gilets jaunes" ne veulent "rien lâcher". Les modalités d'action font en revanche l'objet de nombreux débats, au sein d'un mouvement protéiforme qui a fragilisé l'exécutif et l'a contraint à faire des concessions et à lancer un grand débat pour tenter de sortir de la crise.
Des mobilisations sont prévues à Paris, Bordeaux et Toulouse, Marseille, Lyon, Nantes et Lille pour n'en citer que quelques-unes.
Dialogue de sourds
Entre le gouvernement occupé à faire la promotion de son grand débat et les manifestants qui dénoncent une consultation de façade, le dialogue de sourds se poursuit.
"Ce mouvement ne revendique plus rien", a estimé jeudi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, autre cible de choix des manifestants, en ironisant: "Il revendique de faire une manifestation pour commémorer ses propres trois mois."
"Je ne vois pas pourquoi on s'arrêterait, on ne nous écoute pas", rétorque Chantal, porte-parole des "gilets jaunes" à Marseille. "On débat à notre place, mais nous, depuis novembre, on sait ce qu'on veut: du concret, c'est-à-dire une hausse du pouvoir d'achat et plus de services publics."
Source ATS