La campagne des 16 jours contre la violence sexiste commence lundi. Des manifestations ont lieu dans toute la Suisse jusqu'au 10 décembre. A Genève, un rassemblement s'est tenu au centre-ville.
Des centaines de Genevoises s'étaient données rendez-vous ce lundi soir pour dénoncer les violences faites aux femmes. En cercle autour de chaussures rouges et de bougies, de nombreuses femmes se sont exprimées. Car même si ce sujet est de plus en plus souvent abordé, les violences conjugales ne cessent pas. Au contraire, la violence domestique est en hausse à Genève, avec 31% d'infractions pénales supplémentaires en 2018 par rapport à l'année précédente.
Des situations difficiles car, contrairement à des idées reçues, le danger vient plus souvent de l'entourage proche que de personnes inconnues.
Pour Anne-Marie Barone, membre du collectif pour la Grève féministe, la Suisse pourrait en faire bien plus.
Elle constate d'ailleurs une libération de la parole des femmes suite au mouvement "Me Too".
Les paroles se libèrent et amènent d'autres aspects de ces violences, notamment au niveau des jeunes en formation.
Dans toute la Suisse
Pour ne pas oublier la violence faite aux femmes, le Jet d'eau de Genève, les chutes du Rhin, la cathédrale de Berne et d'autres lieux en Suisse sont parés d'orange dès lundi et jusqu'au 10 décembre. La campagne cette année est axée sur la violence à l'égard des femmes âgées.
Les femmes d'un certain âge sont souvent exposées à la violence physique et psychologique de la part de parents ou de soignants à la maison ou en institution. Pourtant la violence à l'encontre des personnes âgées est souvent considérée à tort comme une affaire privée, ont déclaré lundi les responsables de la campagne devant la presse à Berne.
Il manque des chiffres précis sur l'ampleur de cette violence. Selon Ruth Mettler Ernst, directrice de l'Office alémanique indépendant de traitement des plaintes relatives à la vieillesse (UBA), on estime à 300'000 le nombre de personnes âgées victimes de violences en Suisse.
Surtout les femmes
La violence à un âge avancé affecte surtout les personnes socialement défavorisées, et en particulier les femmes. Les personnes qui font du mal ne sont pas que de mauvaises personnes, car il s'agit la plupart du temps d'infirmières surmenées, selon Bea Heim, co-présidente du Conseil suisse des aînés (CSA).
Ruth Mettler Ernst appelle à ne pas détourner le regard, mais à en parler et à chercher de l'aide. Toute femme, quel que soit son âge, a le droit de vivre sans violence, a souligné Anna-Béatrice Schmaltz, responsable de la campagne du cfd, l'organisation féministe alémanique de la paix à l'origine de cette mobilisation.
Négliger ou ignorer délibérément les besoins des personnes âgées est également une forme de maltraitance. Le risque d'être affecté par la violence augmente pour les personnes à mobilité réduite et toutes celles qui ont de plus en plus besoin d'aide et d'assistance.
En Suisse, la majorité des plus de 65 ans sont pris en charge à la maison. Les personnes ayant besoin de soins ont en moyenne 83 ans. La moitié d'entre eux ont un besoin d'aide très marqué. La plupart des soins sont pris en charge par le partenaire. Les femmes prodiguent le plus souvent ce genre de soins.
Egalité: moyen de lutte contre la violence
Les femmes souffrent également de violence structurelle: celle-ci se manifeste par le fait qu'elles gagnent nettement moins que les hommes à la retraite, l'écart étant de 37% entre les deux sexes.
Le cfd souligne que nous vivons un tiers de notre vie comme senior. On compte en Suisse actuellement 1,5 million de personnes âgées de 65 ans et plus. Cela correspond à près d'un sixième de la population totale. La proportion de femmes est plus élevée car leur espérance de vie est plus longue.
Cette campagne "16 jours contre la violence à l'égard des femmes", qui a lieu pour la douzième fois en Suisse se terminera le 10 décembre lors de la journée internationale des droits de l'homme. Elle est coordonnée par l'organisation féministe de la paix cfd et est soutenue par plus de 100 organisations partenaires dans toute la Suisse.
Source : ATS