Le groupe bancaire zurichois Julius Bär est très présent à Genève et à Lausanne. Alors quand on entend qu’il va procéder à des réductions de postes, on se pose des questions. Le titre a en plus décroché hier sur le marché suisse des actions.
Oui, la nominative Bär a perdu plus de 4% alors que l’indice SMI est resté pratiquement stable.
En fait, tous les chiffres de Julius Bär communiqués hier matin ont déçu d’emblée analystes et investisseurs. Marge brute en recul, bénéfice net en hausse de 4% seulement. Afflux net de nouveaux fonds à gérer de 17 milliards de francs. Dans la fourchette basse des prévisions. Et cet afflux de clients n’a pas suffi à faire progresser les avoirs en gestion. Ils ont reculé de 2% pour s'établir 382 milliards. L’effet de l’évolution négative des marchés au second semestre.
La réduction d’effectif n’a pas l’air non plus d’avoir rassuré les actionnaires.
Non. Ni les syndicats d’ailleurs. 130 à 140 postes sur un effectif de 6700 personnes dans le monde. Environ 2%. Est-ce peu ou beaucoup ? Non, ça ne paraît pas énorme. L’effet ne sera ni significatif ni durable sur les résultats. S’il s’agissait de régler un problème de rentabilité, alors on pouvait s’attendre à beaucoup plus.
Surtout par rapport à des recrutements récents, non ?
Oui, c’est un peu cela le problème. 400 nouveaux emplois créés en 2017 et 2018. A grand renfort de communication, pour attirer l’attention d’éventuels intéressés. Et puis 130 postes en moins… Ça donne surtout l’impression que l’on veut maintenant se débarrasser de certaines personnes aux profils les moins appropriés. Mais est-ce bien nécessaire d’articuler un nombre ? Ne peut-on pas faire ce genre d’ajustement naturel de manière un peu plus discrète ?
Peut-être, mais l’on ne va pas se plaindre d’entreprises qui communiquent ! Est-ce que Genève et Lausanne seront touchés ?
Certainement. La direction a précisé hier que cette réduction d’effectif allait concerner l’ensemble du groupe. Et pas moins la Suisse que les 25 autres pays d’implantation. En tout, Julius Baer a 50 filiales ou succursales dans le monde. 130 emplois supprimés divisés par 50, ça fait 2,6 emplois par localisation. Disons que l’estimation est sommaire, mais ça donne quand même une idée de ce dont on parle. Ne nous faisons pas trop de souci pour Genève et Lausanne.
Mais vous avez l’air de penser que le nombre d’emplois supprimés devrait être beaucoup plus élevé !
Non non, pas du tout ! Je pense simplement que ça ne valait pas la peine d’en parler. Et je crois que ça participe du problème de Bär actuellement, qui est un problème de management.
Le président exécutif Boris Collardi vient de quitter pour passer chez Pictet à Genève. C’est lui qui a fait de Bär le numéro un mondial des gestionnaires d’actifs privés ne faisant que cela. En acquérant toutes les activités dédiées de Merryl Lynch hors Etats-Unis par exemple. Un héritage un peu lourd à porter. Et la nouvelle direction a donné hier l’impression d’être un peu désemparée par rapport aux attentes dont elle fait maintenant l’objet.
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