Le leader suisse de la construction Implenia est très présent à Genève. Et le titre du groupe a décroché hier de manière spectaculaire sur le marché des actions à Zurich. Les investisseurs ont tout d’un coup de sérieux doutes sur cette entreprise.
Oui, ce qui s’est passé hier est à vrai dire assez typique. Une grande entreprise suisse de construction et de travaux publics issue de la fusion de Zschokke à Genève et de Batigroup à Bâle. Il y a une douzaine d’années. Implenia domine depuis lors son marché domestique. Le groupe s’est senti assez vite à l’étroit chez lui. Alors il a décidé de se développer à l’international. Avec une importante acquisition en Norvège, et une autre en Allemagne.
Et puis le dirigeant qui a conduit toutes ces opérations avec succès se retire pour raisons d’âge. Son successeur commence par de mauvaises nouvelles, et c’est la crise de confiance. Vous l’avez dit, le titre a perdu hier près de 30% dans des volumes d’échange assez importants. On devine qu’il y a pas mal de caisses de pension parmi les actionnaires. Elles n’ont rien perdu pour le moment si elles n’ont pas vendu…
Les mauvaises nouvelles, ce sont quand même des prévisions de résultats annuels très en dessous des précédentes.
Très en dessous. Et ça remet en cause les perspectives de dividende. Alors on se dit forcément que la coïncidence avec le changement de management d’Implenia il y a tout juste deux mois n’est pas un bon signe. Non pas que le nouveau soit moins bon. Ça ne se verrrait pas aussi vite. Mais c’est peut-être l’ancien qui était trop optimiste et avait tendance à embellir la situation. Dans les limites de la légalité, mais quand même. Le terme « correctifs de valeur » dans le communiqué est assez explicite.
Vous pensez qu’il aurait peut-être fallu attendre avant de procéder à ces dévaluations ?
Peut-être, mais ça n’aurait pas été sans risque. Et puis un nouveau manager a tout intérêt à partir d’un niveau volontairement bas. Surtout si ça correpond à une réalité. On verra mieux ensuite les progressions qu’il réalisera.
Il n’y a pas d’autres raisons de s’inquiéter d’Implenia ? C’est quand même un peu court pour expliquer une chute aussi brutale du titre !
Je viens d’évoquer des causes immédiates. Mais il y en a de plus fondamentales. D’abord, une internationalisation dans un domaine assez ancien comme la construction, c’est toujours un risque. Et les risques se réalisent souvent plusieurs années après. Alors on se dit que c’est maintenant que les difficultés et les pertes potentielles vont vraiment apparaître.
Et puis s’internationaliser dans les travaux publics complexes quand on a grandi en Suisse, ça fait forcément un peu peur. Même lorsque l’on a les meilleurs tunnels et les plus beaux ponts à son actif. Ce sont des marchés publics, dans des Etats au fonctionnement forcément un peu étranges. Pour ne pas dire aléatoires. Il n’y a rien de tel pour amplifier les doutes.
Et que va faire le titre aujourd’hui ?
Je ne réponds jamais à ce genre de question. Mais disons qu’il devrait quand même se ressaisir. S’il n’y a pas d’élément nouveau ces prochains jours.