A Genève, un projet de loi visant à garantir un cheminement le long des rives du lac a été enterré. La majorité du Grand Conseil a refusé jeudi soir l'entrée en matière sur ce texte. Le débat pourrait rebondir au niveau fédéral par le biais d'une initiative.
L'entrée en matière a été refusée par 54 voix contre 27 et 14 abstentions. Très remonté contre un texte qui s'en prend "à ceux qui créent de la valeur dans le canton", soit les riches propriétaires qui habitent au bord de lac, le député PLR Vincent Subilia, a rappelé que le canton disposait déjà de 29 accès publics au lac sur ses 32 kilomètres de rives.
Pour la majorité de droite, ce projet de loi ne favorisera pas la biodiversité, en raison du flux de personnes qui pourraient se promener le long des rives et déranger la faune. Autre argument: le nombre d'ambassades installées au bord du lac et qui sont protégées par le droit international. Enfin, les expropriations envisagées généreraient des dépenses "abyssales", selon le PLR.
Même son de cloche pour le Centre, qui relève également la difficulté de créer un chemin sur les propriétés du corps diplomatique ou des organisations internationales. Le chef de groupe du Centre, Sébastien Defayes.
Canicules
Le projet de loi vise à garantir un chemin de rive continu d'au moins deux mètres de large sur l'ensemble du territoire cantonal. "Il est indispensable pour mettre en oeuvre l'article constitutionnel qui prévoit ce principe", a relevé la socialiste Amanda Gavilanes. "Alors que les périodes de canicule se multiplient, la population a le droit de pouvoir se rafraîchir: ça ne doit pas être un luxe", a-t-elle ajouté.
Le refus d'entrée en matière déçoit la députée socialiste. Amanda Gavilanes.
Les partisans de ce projet de loi ont souvent cité l'exemple du cheminement créé en France voisine le long du lac entre Hermance et Evian. "Cela montre que c'est possible", a souligné le Vert David Martin. Il a aussi évoqué le canton de Neuchâtel qui, sous pression d'une initiative cantonale, a finalement adopté un plan directeur des rives.
"Trop rigide"
Pour le premier auteur du projet de loi, le député socialiste Cyril Mizrahi, ce texte se base sur le droit fédéral qui stipule que les rives sont publiques. L'association Rives publiques est d'ailleurs en train d'élaborer une initiative sur le plan fédéral qui devrait être lancée prochainement.
Pour l'heure, le débat parlementaire est clos à Genève. Le conseiller d'Etat en charge du territoire, Antonio Hogers, s'est opposé à ce projet de loi "trop rigide" tout en soulignant que le canton avait le plus mauvais taux d'accès au lac. Antonio Hodgers.
ATS keystone - Judith Monfrini