Le financement du projet de candidature de Sion pour les Jeux olympiques 2026 est sous-évalué, selon ses opposants. Réunis en comité, ceux-ci ont dénoncé mercredi la faiblesse budgétaire du projet.
Le budget néglige de nombreux coûts, a déclaré Thierry Largey, chargé d'affaires de Pro Natura en Valais et membre du comité. Il a cité la TVA, les frais de chronométrage, la consommation électrique, les assurances, la location d'immeubles, la production de neige artificielle. Ces coûts ne sont pas anodins, a-t-il dit.
Le rapport de l'Office fédéral du sport relève aussi des incertitudes quant aux montants prévus de sponsoring et aux recettes d'entrées. La marge d'erreur sur les coûts des infrastructures est de 25% selon ce rapport, précise M. Largey. Le rapport évoque encore des financements non garantis comme le saut à ski ou l'anneau de vitesse.
Budget pas crédible
Au final, le budget présenté s'avère "très optimiste, à tel point qu'il n'est pas crédible", a dit M. Largey. Il ne pourra à l'évidence pas être respecté. Et les excès de dépenses incomberont à la ville hôte et au canton.
Les incertitudes qui planent encore sur le dossier sont trop importantes aux yeux des opposants. La garantie fédérale n'est pas encore acquise. Le doute est permis après que le Conseil national ait accepté que le montant prévu par le Conseil fédéral soit mis en votation populaire.
Les exigences à venir du CIO sont aussi sources d'incertitude. Le contrat de ville hôte signé par Paris pour les JO d'été 2024 précise que la ville hôte doit s'adapter "aux changements ou compléments apportés par le CIO". Il est illusoire de croire qu'il en sera autrement pour Sion, estime M. Largey.
Risques importants
Président des Verts valaisans, Jean-Pascal Fournier a dénoncé un projet incomplet et mal ficelé. Le mot "évolutif" revient dans tous les discours des partisans. "Ce terme cache les risques les plus importants".
M. Fournier a mis en évidence la problématique du village olympique ou du centre médias. Ces deux réalisations ne figurent pas au budget. Et pour cause. Elles devraient être réalisées avec des fonds privés. Mais qu'adviendra-t-il si aucun investisseur ne se présente ou qu'il fasse faillite comme ce fut le cas à Vancouver? C'est un risque financier que la ville de Sion devra prendre si elle signe le contrat de ville hôte avec le CIO.
Transports submergés
A côté de l'aspect financier, les opposants mettent en évidence la problématique des transports. Les déplacements seront nombreux entre les sites. Les promoteurs du projet prévoient 80% de déplacements par les transports publics. Même avec des trains à deux étages et des compositions supplémentaires, la ligne ferroviaire du Simplon sera surchargée.
Plus préoccupant encore, selon Evelyne Bezat, chargée d'affaires valaisanne de l'Association transport et environnement (ATE), les travaux en gare de Lausanne et de Berne prévus dans le cadre du programme féréral PRODES 2025. "Ils ne seront probablement pas achevés en janvier 2026", a-t-elle précisé. La capacité de ces deux gares s'en trouvera réduite.
Le concept de transport minimise aussi la desserte des sites de montagne. Il faudra amener des milliers de personnes dans les stations d'altitude. Mais dans de nombreux cas, la desserte de transports publics a une capacité insuffisante, selon Mme Bezat.
Des bus et des navettes sont prévus. Il faudra garantir l'accès de ces navettes aux sites. Des aménagements routiers importants seront indispensables.
La durabilité du projet est également mise en doute. Le dossier n'évoque pas les efforts à réaliser pour se conformer à des normes de développement durable, dénonce Marie-Thérèse Sangra, secrétaire du WWF en Valais. Le développement durable est le parent pauvre de cette candidature, a-t-elle déclaré.
(Source ATS / Photo : JEAN-CHRISTOPHE BOTT)