Sans surprise, les Genevois rejettent dimanche l'initiative de l'UDC "Oui, je protège la police qui me protège". Ce texte, qui voulait octroyer une immunité relative aux membres des forces de l'ordre, a été balayé, avec 67,9% de "non". Il n'était soutenu que par le MCG.
Cette initiative visait à "remotiver" la police, en limitant les poursuites pénales "chicanières" à son encontre, selon ses auteurs. L'immunité relative, qui était prévue indépendamment de la gravité des soupçons, aurait dû être levée à huis clos par le Grand Conseil. Le taux de participation s'est élevé à 41,82%.
Les initiants n'ont pas fait campagne pour défendre leur texte. Lors du débat parlementaire, l'UDC relevait qu'il fallait instaurer un contrôle politique sur les procédures qui concernent les policiers. Le parti déplorait le fait que des policiers en service étaient, par exemple, poursuivis pour avoir enfreint la loi sur la circulation routière lorsqu'ils interpellaient un criminel.
Risque d'abus
Pour ses opposants, ce texte était contraire à l'Etat de droit. Le comité unitaire contre l'initiative rappelait qu'elle avait été lancée en période électorale, en réaction au mouvement contre les violences policières, comme Black Lives Matter. Il dénonçait une tentative de placer la police au-dessus du droit commun.
Et de mettre en garde contre une augmentation du risque d'abus dans l'exercice de la contrainte et de la violence par la police. L'initiative menaçait les droits syndicaux, notamment lors de manifestations, ainsi que les personnes précarisées et racisées. Elle allait de surcroît affaiblir l'accès à la justice, notamment pour les victimes de violences sexistes et sexuelles.
Dimanche, la conseillère d'Etat Carole-Anne Kast, magistrate de tutelle de la police, a salué le rejet massif d'une initiative qui "n'apportait rien de positif, mais une suspicion sur l'action de la police." "Les forces de l'ordre doivent être soumises à des organes de contrôle indépendant", a-t-elle relevé, tout en rappelant que les syndicats de police n'avaient pas pris position en faveur de ce texte.
Avec Keystone-ATS