Le Conseil d'Etat genevois est affligé par la manière dont la Cour des comptes a réalisé son rapport sur l'attribution de mandats révélé lundi. La présidente de l'exécutif, Nathalie Fontanet, a dénoncé un rapport biaisé, au vocabulaire tendancieux.
"Ce rapport entaché de lacunes, d'approximation, à l'approche douteuse et au vocabulaire tendancieux fait planer un soupçon inacceptable", a indiqué la présidente du Conseil d'Etat. Elle repoche à la Cour des comptes de vouloir "manifestement aggraver la situation et la perception qu'en auraient les Genevois".
Le Conseil d'Etat reconnaît que le système d'achat est perfectible. Il relève aussi que l'administration a déjà lancé un projet visant à redéfinir les marchés transversaux des départements et à mieux les coordonner. Un audit interne a recommandé de poursuivre ce projet. C'est pourquoi quatre des recommandations de la Cour des comptes sont refusées: elles sont redondantes, selon Mme Fontanet.
"Bureaucratie alourdie"
Une autre recommandation refusée consistait, selon le Conseil d'Etat, à mettre en place "des contrôleuses et des contrôleurs pour contrôler les personnes chargées du contrôle". L'exécutif ne veut pas d'une bureaucratie alourdie qui va à l'encontre des principes d'autonomie et d'agilité au sein de l'Etat.
La méthode appliquée par la Cour des comptes est vivement critiquée par le Conseil d'Etat. Les magistrats ont choisi de s'appuyer sur un échantillon non représentatif de 84 commandes et 26 fournisseurs, sur un total de 36'000 commandes annuelles, soit 0,25% de l'ensemble des achats de l'Etat. Ces 84 commandes n'ont pas été tirées au hasard, mais délibérément choisies pour leur degré risqué.
Dans ces conditions, il est impossible de tirer des généralités applicables à l'ensemble des achats à l'Etat, selon Mme Fontanet. La président du Conseil d'Etat estime que les conclusions du rapport laissent penser que l'ensemble de la gestion est problématique, ce qui n'est pas le cas, assure-t-elle.
Un héritage
Au-delà du fond, l'opposition de l'exécutif porte aussi sur la forme du rapport qui utilise un vocabulaire tendancieux avec des termes tels que "corruption" ou "fraude" alors même que la Cour n'a précisément constaté aucune fraude, ni dommage financier. "Si on avait accepté le rapport, on acceptait le soupçon et les accusations indirectes", a précisé Thierry Apothéloz, vice-président du Conseil d'Etat.
Lors de cette conférence de presse inédite, Nathalie Fontanet a précisé que selon elle, le magistrat qui a rédigé le rapport "voulait laisser un héritage". Il lui aurait dit: "Je tire mes dernières cartouches". Ce rapport est le dernier publié par les magistrats dont le mandat se termine à la fin de l'année.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats