La population de Corseaux (VD) s'est prononcée dimanche en faveur de la construction de deux structures d'accueil pour les personnes âgées et les touts petits sur une parcelle viticole. Elle a dit oui au plan d'affectation spécial (PA) "EMS Résidence du Léman", qui prévoit la réalisation d'un établissement médico-social et d'une crèche.
Les votants de ce village de Lavaux inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco ont accepté le projet par 559 voix contre 484 et six bulletins blancs. Le taux de participation a atteint 63,14%. Les Corsalins étaient appelés aux urnes en raison de l'organisation d'un référendum spontané par la Municipalité.
"Le bon sens et la solidarité ont primé", a déclaré à Keystone-ATS Antoine Lambert, ancien syndic de la commune et coprésident du comité de soutien "oui pour nos enfants et nos aînés à Corseaux". Il a salué la "bonne participation" qui envoie "un signal fort aux opposants". "Nous espérons qu'ils respecteront la voix populaire."
Recours déposé
Les opposants ne baissent pas les bras. Un recours a été déposé contre la validation du plan d'affectation spécial (PA) auprès de la Cour de droit administratif et public (CDAP). "Les gens n'ont pas saisi l'ampleur de l'atteinte au patrimoine", réagit Georges Charotton, président du comité d'opposition Protégeons Corseaux.
"Ce magnifique vignoble à l'entrée du village n'est pas le lieu pour un EMS", ajoute Georges Charotton. "Il est fait pour faire pousser du raisin. Il est isolé et n'est pas arborisé. Avec des chaleurs comme actuellement, les résidents devront vivre les rideaux baissés!" Selon lui, d'autres terrains plus adaptés étaient utilisables le long de la route cantonale.
C'est aussi l'avis de Suzanne Debluë, présidente de Sauver Lavaux. A ses yeux, "la crèche a été apposée à l'EMS pour remporter l'adhésion des Corsalins, qui en besoin".
Débat démocratique
Le 9 octobre 2019, la Municipalité de Corseaux a mis à l'enquête le PA "EMS Résidence du Léman". Il a été approuvé en octobre 2021 par le Conseil communal. Le projet a été redimensionné à la baisse pour tenir compte des arguments des opposants et réduire l'impact des constructions. La Municipalité a décidé de le soumettre à un référendum pour qu'un débat démocratique puisse avoir lieu.
La campagne a été vive. Pour ses partisans, le projet répond à un besoin impérieux. Dans le cercle composé des communes de Corsier, Corseaux, Chardonne et Jongny, 180 enfants attendent une place en garderie. "Certains parents sont désespérés", relevait avant le vote Antoine Lambert.
Quant à l'EMS, les besoins ne vont que s'aggraver en raison de la démographie: 600 places doivent être créées sur la Riviera d'ici 2040. Si elles n'augmentent pas, les aînés devront aller toujours plus loin et s’éloigner de leur lieu de vie et de leurs proches.
Les quatre associations qui s'opposaient au PA, à savoir Protégeons Corseaux, Sauver Lavaux, Patrimoine Suisse section Vaud et la Fondation Franz Weber, dénonçaient de leur côté un projet "destructeur du patrimoine et du paysage".
"Le paysage si typique de Lavaux et l'identité du village s'en verraient à jamais dégradés", avait déclaré Suzanne Debluë. Et ce en contradiction avec la protection du vignoble, introduite dans la Constitution vaudoise en 1977 par l'initiative de Franz Weber.
Les associations brandissaient notamment le spectre de l'arrachage de 10'000 m2 de vignes. Le classement de la région au Patrimoine mondial de l'Unesco serait menacé, selon elles.
Les opposants dénonçaient aussi un mastodonte en béton de 125 mètres de long et 14 mètres de haut. Pour eux, il s'agit de reliques d'une "politique du siècle passé".
"Affirmations inexactes"
Les partisans du projet s'insurgeaient contre des "affirmations totalement inexactes". Les vignes de la parcelle en Châtonneyre ne sont pas protégées par la loi sur le plan de protection de Lavaux (LLavaux), expliquaient-ils. Ses 14'000 m2 sont en zone d'utilité publique depuis 1976. La disparition d'une partie de ces vignes ne menace pas la reconnaissance de l'Unesco, car elles se situent en zone tampon.
Quant à la volumétrie, le comité de soutien estime que la modélisation faite par l'architecte permet d'imaginer entre deux et trois bâtiments de deux à trois niveaux, respectant la hauteur maximale de onze mètres. Et de préciser que l'apparence du projet sera définie ultérieurement par un concours d'architecture.
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats