La fronde de villes romandes contre le futur horaire des CFF, annoncée dimanche, regroupe sept villes plus le réseau des villes de l'Arc jurassien (RVAJ). Ils demandent aux instances fédérales de revoir leur copie. Mise au point avec Benjamin Smadja et Elsa Duperray en fin d'article.
"Le Matin Dimanche" avait annoncé qu'Yverdon, Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Genève, soutenues par Genève Aéroport, publieraient ce lundi un appel pour "dénoncer un réseau ferroviaire à deux vitesses", après la divulgation vendredi dernier de l'horaire 2025 des CFF. Celui-ci a notamment l'inconvénient, pour cause de travaux, de réduire fortement la desserte directe entre les villes de l'Arc jurassien et Genève.
Dans l'appel diffusé lundi, pas moins de sept villes montent au front: outre les quatre déjà citées, Bienne, Delémont et Morges ainsi que le RVAJ se joignent au mouvement.
Les signataires déplorent que le nouvel horaire, dès décembre 2024, "détériorera pour au moins dix ans l'offre ferroviaire dans une grande partie de la Suisse occidentale ainsi que l'offre de trains de nuit de Genève à Bâle".
Ouvrir le dialogue
Certes, les cadences entre l'Arc jurassien et Lausanne seront doublées. Mais les inconvénients l'emportent aux yeux des villes concernées. Notamment le fait que les voyageurs se rendant à Genève ou Genève-Aéroport depuis l'Arc jurassien (ou dans le sens inverse) devront souvent passer par Renens (VD) ou Lausanne pour changer de train. D'où une perte d'attractivité de la liaison, qui "risque de réduire l'usage des transports publics en faveur du réseau routier", selon les signataires.
En conclusion, les sept villes réclament "une réduction sensible de la durée des désagréments annoncés ainsi qu’une augmentation du nombre de connexions directes maintenues". Elles demandent aux représentants des CFF, de l’Office fédéral des transports (OFT) et des instances cantonales d’"ouvrir le dialogue avec les communes lésées afin d’y proposer des alternatives viables à un horizon raisonnable".
Les CFF se défendent
Dans un communiqué, les CFF annoncent lundi qu'ils rencontreront les communes concernées et la direction de l’aéroport de Genève ces prochaines semaines "afin de leur présenter les détails de ce nouvel horaire, dans un souci de dialogue constructif".
L'entreprise de transports défend son horaire 2025, qui "apporte davantage de stabilité et de ponctualité", relève-t-elle. Il permet, au prix de quelques minutes en plus sur certains parcours, d’effectuer les travaux de développement et d’entretien "indispensables sur l’un des réseaux les plus fréquentés au monde".
Parmi les avantages pointés par les CFF figure l'augmentation des cadences. Aujourd’hui, les voyageurs entre Neuchâtel et Genève disposent chaque heure d’une liaison sans changement en 1h09' et d’une autre, avec un changement à Lausanne, en 1h36'. Dans l’horaire 2025, les voyageurs bénéficieront de deux liaisons par heure avec changement à Renens, en 1h17'.
Cette cadence de 30 minutes, pour Lausanne ou Genève, sera également proposée aux voyageurs à destination (ou en provenance) de Bienne et Delémont, notamment.
Le remaniement des liaisons InterCity a été privilégié suite à différentes études "qui ont montré l’impossibilité de faire circuler ces trains de façon systématique dans de bonnes conditions, en particulier sur l’axe Lausanne-Genève, très sollicité", soulignent encore les CFF. Ces derniers ajoutent que près des trois quarts de la clientèle en provenance de Bienne, Neuchâtel ou Yverdon se rendent à Lausanne.
L'entreprise relève aussi que la relation directe Lausanne-Delémont-Bâle sera réintroduite en décembre 2025. Elle réaffirme que "les villes et les régions de la ligne du Pied du Jura sont de première importance", comme le montrent les "investissements importants" prévus.
Entre Neuchâtel et Bienne, les travaux de construction du nouveau tunnel de Gléresse ont commencé, avec un investissement de 431 millions de francs. A Genève encore, plus de 2 milliards seront investis dans le réseau et dans une gare souterraine. Et entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds, une nouvelle ligne est prévue qui permettra de diviser les temps de parcours par deux.
Avec ATS