Tout juste 20 ans après avoir fondé l'organisation d'aide au suicide Dignitas, Ludwig A. Minelli comparaît devant le tribunal de district d'Uster (ZH) vendredi. Il est accusé d'avoir encaissé trop d'argent pour ses services. C'est le premier procès du genre en Suisse.
A l'ouverture de l'audience, l'avocat du prévenu de 85 ans a tenté de faire ajourner le procès. L'acte d'accusation est "douteux", a-t-il critiqué, exigeant également qu'un comptable analyse une nouvelle fois les flux financiers de l'organisation.
Le procureur a dénoncé une tentative de gagner du temps jusqu'à la prescription, dans deux mois déjà, d'un des cas reprochés à M. Minelli. Le tribunal a rejeté la demande de la défense.
Mobile égoïste
Ludwig A. Minelli est accusé d'avoir empoché pour trois de ses interventions plus d'argent que les coûts effectifs de ses services. Cela représente une violation du principe fixé dans le Code pénal suisse, selon lequel l'assistance au suicide ne doit pas être poussée par un mobile égoïste.
Il s'agit d'un délit poursuivi d'office. Ce procès, le premier du genre, sera l'occasion de clarifier des questions de base sur l'assistance au suicide et la hauteur admissible de ses coûts.
Don de 100'000 francs
Le premier cas remonte à 2003. M. Minelli a accepté d'une Allemande de 80 ans un don de 100'000 francs, alors que le coût de son assistance s'élevait à quelques milliers de francs.
Les deux autres assistances à la facture controversée datent de 2010. Une mère et sa fille ont payé chacune environ 10'000 francs, soit le double des coûts effectifs.
Le procureur requiert une peine pécuniaire avec sursis de 360 jours-amende à 180 francs, soit 65'000 francs ainsi qu'une amende de 7500 francs. L'organisation Dignitas avait déjà indiqué qu'elle jugeait les reproches "inconsistants et incompréhensibles".
(Source ATS / Photo ENNIO LEANZA)