Le 92e prix des Deux Magots a été décerné lundi à Paris à l’écrivain genevois Joseph Incardona pour son roman "Le monde est fatigué" (Finitude, 2025). Il a également été retenu fin septembre dans la deuxième sélection du Prix Femina 2025.
Dans "Le monde est fatigué", Joseph Incardona suit le parcours d’Êve, sirène professionnelle dont les prestations émerveillent les foules dans les aquariums géants de Dubaï, Tokyo ou Brisbane. Mais derrière la grâce aquatique de cette créature de silicone se cache une femme mutilée, marquée à vie par un accident de la route. Le roman s’attache à sa quête de vérité et de justice: retrouver le coupable, rétablir les comptes, se venger.
Loin d’un simple thriller, le texte dépeint un monde saturé de faux-semblants. "Cela parle de solitude, de rébellion, de l’état du monde et d’une forme de superficialité", confiait l’auteur à la RTS à la sortie du roman. Un monde désenchanté, que le personnage d’Êve traverse, croisant sur sa route des figures grotesques, mais attachantes, comme Matt Mauser, détective obèse rongé par ses échecs.
Une voix mordante
A 56 ans, Joseph Incardona est loin d’en être à son coup d’essai. Né d’un père italien et d’une mère suisse, installé à Genève, il a signé une quinzaine de romans, ainsi que des pièces de théâtre, des nouvelles et un film coréalisé en 2013 (Milky Way).
En 2024, il proposait avec "Stella et l’Amérique" un road-trip grotesque et provocant où une prostituée réalisait des miracles. Une adaptation à l’écran n'est pas exclue.
Joseph Incardona succède au palmarès du prix des Deux Magots à Jean-Pierre Montal, récompensé en 2024 pour "La face nord" (Séguier). Créé en 1933 en réaction à l’académisme du Goncourt, il est doté de 7700 euros.
Avec Keystone-ATS