A Genève, un cycliste comparaît vendredi devant le Tribunal de police pour homicide par négligence après avoir fauché un piéton en juillet 2017. La victime avait succombé à ses graves blessures trois semaines après l'accident.
Le drame remonte au jeudi 20 juillet 2017 vers 18h45. La victime, un homme de 44 ans employé dans un magasin d'optique, rentre chez lui après sa journée de travail. Il s'engage sur le passage piéton du carrefour du boulevard Helvétique et du Cours de Rive.
Un cycliste au guidon de son vélo de course déboule sur la piste cyclable en direction du lac. Il percute le piéton qui est violemment projeté au sol. Le blessé est emmené à l'hôpital avec de multiples fractures crâniennes. Malgré plusieurs opérations, son état se dégrade. Un arrêt thérapeutique est décidé par la famille.
Deux versions s'affrontent dans ce procès hautement émotionnel. Le Ministère public, qui a requis douze mois de prison avec sursis, reproche à ce cycliste aguerri d'avoir grillé le feu rouge du carrefour et d'avoir circulé à une vitesse inadaptée. Les règles de prudence envers les autres usagers de la route ont été violées, a relevé la procureure Judith Levy Owczarczak.
Une vie en éclats
Le prévenu, un employé d'une banque privée, père de famille sans antécédent judiciaire, conteste cette interprétation. Selon lui, le feu était orange et il circulait à 25 km/h. "J'ai fait le choix de poursuivre, car la piste était libre de tout obstacle et j'aurais eu du mal à m'arrêter en sécurité", a déclaré. cet homme de nationalité belge.
La victime était aussi père de famille. Il avait deux filles, dont l'aînée âgée de 19 ans était présente dans la salle. Sa veuve, ses parents et ses deux soeurs ont décrit la destruction de la famille après ce drame. Tous ont raconté l'horreur de l'agonie de leur proche à l'hôpital et la terrible décision de l'arrêt des soins.
"Personne ne se lève le matin en pensant que sa vie va voler en éclats", a expliqué la veuve qui a sombré depuis dans une profonde dépression. Ses soeurs ont décrit la personnalité généreuse de leur frère. Tous attendaient que le prévenu reconnaisse sa culpabilité. Mais il n'a pas modifié sa version. Sa tentative d'excuses a été refusée par la famille.
Violence inouïe
Pour l'avocat de la famille, Me Roland Burkhard, cet homme est dans le déni. Pour causer de telles fractures, il faut un choc d'une violence inouïe, a souligné l'avocat. Il a insisté sur les témoignages qui mettent en cause le cycliste.
Selon la défense assurée par Robert Assaël, ces témoignages ne sont pas aussi clairs, d'autant plus qu'ils ont été recueillis un mois après les faits. Il s'est aussi fondé sur un rapport d'expert indépendant qui conclut que le piéton a traversé au rouge. Cet expert estime par ailleurs qu'il est impossible de dire si le cycliste a passé au rouge ou à l'orange. "Dans ce flou technique total, le doute doit profiter à l'accusé", a plaidé Me Assaël.
Source ATS