Sur les cendres encores chaudes du PDC Guillaume Barazzone, les commentaires des pro-Maudet vont bon train. Rien à voir entre ces deux affaires, clament-ils. Logique! Car, celui qui compare ne peut s'empêcher de considérer que le conseiller d’Etat PLR doit démissionner.
Et bien, je suis d’accord avec eux: il n’y a rien à voir ou presque entre ces deux affaires. Mais au jeu des comparaisons, le gagnant n’est pas celui qu’on croit… Voilà pourquoi:
Concernant les voyages à Abu Dhabi, la justice tranchera. Relevons simplement que Pierre Maudet est prévenu d'acceptation d’un avantage. Tandis que Guillaume Barazzone est, à ce stade, appelé à donner de plus amples renseignements au ministère public. Par ailleurs, l’affaire Maudet s’avère tentaculaire. A Abu Dhabi s’ajoutent l’histoire des avantages accordés au bar de l’Escobar, les interrogations sur le financement du sondage à plus de 30 000 francs portant sur la côte de popularité du magistrat PLR, les liens obscurs avec le groupe Manotel et désormais le volet fiscal. De son côté, Guillaume Barazzone a fait exploser son forfait de téléphone et payé de l’alcool fort à des heures indues avec sa carte bancaire professionnelle.
Quid du remboursement des cadeaux ou frais indûment perçus? Côté Maudet, le coût du voyage à Abu Dhabi du conseiller d’Etat accompagné de sa famille et de son chef de cabinet se chiffre à plusieurs dizaines de milliers de francs. En contrepartie de ce cadeau, Pierre Maudet a fait un don de 4000 francs aux Églises. De quoi s’acheter une bonne conscience tout au plus. Suite aux révélations de l’audit concernant ses frais professionnels excessifs en 2017, le PDC Guillaume Barazzone a repris sa calculatrice. Et a remboursé près de 52 000 francs. Jugeant notamment que les frais effectués entre 1h et 6h du matin étaient probablement plus privés que professionnels.
Qu'en est-il du mea culpa? D’un côté, le conseiller d’Etat, interrogé par la presse au printemps 2016, ment sur son voyage. Un mensonge qui va perdurer durant deux longues années. Et que Pierre Maudet n’a fini par admettre que du bout des lèvres début septembre 2018. Au “J’ai caché une partie de la vérité” de Pierre Maudet répond le “Dans ce dossier, je n'ai pas fait tout juste. J'ai commis des imprudences, des erreurs involontaires” de Guillaume Barazzone. Une déclaration prononcée une heure après les révélations de l’audit de la cour des comptes.
Les explications du magistrat PDC qui confond ses cartes de crédit et oublie d’acheter des packs de données sont certes maladroites. Mais valent-elles un mensonge construit et répété sur deux années? J’en doute.
Last but not least. Quand l’un s’accroche à son mandat au risque de fragiliser les institutions, l’image de Genève et au mépris de l’effet dévastateur sur son parti, l’autre prend ses responsabilités et fait son paquetage.
Que les choses soient claires: Guillaume Barazzone a fauté. Sans doute plus par légèreté et imprudence que par avarice ou calcul. Mais, pour l’heure, c’est surtout lui qui paie au prix fort la comparaison entre les deux affaires.
@marie_prieur