Plus de 3500 personnes en provenance d'Ukraine ont trouvé refuge dans le canton de Vaud depuis le début de la guerre déclenchée par la Russie le 24 février, selon un premier bilan dressé par les autorités. Quelque 760 élèves ont été scolarisés.
L'accueil de ces réfugiés constitue un "défi colossal", a déclaré mardi Philippe Leuba, président de la délégation du Conseil d'Etat sur l'Ukraine, lors d'une conférence de presse organisée dans un centre d'hébergement d'urgence à Gland. Il était entouré de trois autres membres du gouvernement cantonal et de représentants de l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM), de l'Etat-major cantonal de conduite (EMCC) et de la Protection civile (PCi).
Cette crise "soudaine" a généré "des flux migratoires exceptionnels", a souligné Philippe Leuba. Au 1er mai, 3505 réfugiés s'étaient annoncés auprès de l'EVAM. Pour l'établissement, cela représente une hausse du nombre de bénéficiaires de 60% en deux mois. A terme, 6000 réfugiés sont attendus, selon les projections du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM).
Neuf structures ouvertes
Pour assumer cette charge supplémentaire, l'EVAM a engagé une centaine de collaborateurs. Neuf structures d'hébergement collectif ont été ouvertes, totalisant 900 lits. Trois cents nouvelles places devraient être disponibles prochainement. Halles, hôtels, anciens hôpitaux ou EMS, bâtiments administratifs: "Nous continuons de prospecter pour des locaux", a dit le directeur de l'EVAM Erich Dürst. La construction de structures provisoires est aussi envisagée.
Les abris PC ne sont pas utilisés, a insisté Philippe Leuba. Ce qui n'empêche pas la PCi d'être active sur le terrain: 137 astreints ont été déployés sur les sites de Beaulieu et de Gland, qui offrent à eux deux 446 lits. Par rapport à la crise du Covid-19, les effectifs engagés par la PCi sont "faibles", a comparé le commandant Louis-Henri Delarageaz.
Plus des deux tiers (70%) des réfugiés vivent chez des particuliers. Philippe Leuba a salué leur "immense générosité". "Sans cet accueil, nous serions dans une situation beaucoup plus compliquée", a loué le chef du Département de l'économie. Sachant que les réfugiés présents en Suisse sont composés à 90% de femmes et d'enfants - les hommes âgés de 18 à 60 ans ayant interdiction de quitter l'Ukraine -, le danger d'abus a été évoqué.
"Le risque zéro n'existe pas", a reconnu Philippe Leuba. Mais le canton fait tout pour le miminiser. Un extrait de casier judiciaire est par exemple demandé aux hébergeurs. Les réfugiés sont informés sur la façon de demander de l'aide en cas de problème. Pour l'heure, "les choses se passent bien", a assuré la cheffe du Département de la sécurité, Béatrice Métraux.
Situation "inédite" dans les écoles
L'afflux de réfugiés entraîne aussi une situation "inédite" dans les écoles, a rapporté la cheffe du Département de la formation, Cesla Amarelle. Un tiers sont des jeunes. Depuis fin février, 723 élèves ont intégré 425 classes de 85 établissements de l'école obligatoire. Au postobligatoire, 42 élèves ont rejoint l'Ecole de l'accueil pour leur permettre d'acquérir les bases du français et trois ont intégré des classes gymnasiales.
Le chiffre de 723 élèves pour l'école obligatoire est "énorme", a fait remarquer Cesla Amarelle. En temps normal, cette dernière accueille un millier de nouveaux élèves par an en raison de la hausse démographique. "Les structures et le nombre d'enseignants en place permettent pour l'instant de faire face", a-t-elle indiqué. L'hébergement privé a pour avantage de répartir les élèves de manière relativement homogène sur le territoire vaudois.
Les réfugiés d'Ukraine sont éligibles au permis S, qui leur permet notamment de travailler. Quelques dizaines ont trouvé un emploi dans la restauration ou l'informatique par exemple, selon Philippe Leuba. Il s'agit d'une population bien formée, au profil intéressant pour l'économie vaudoise, a-t-il relevé. Mais la difficulté à trouver des solutions de garde pour les enfants, la barrière de la langue ou la volonté de retourner au pays sont autant de freins à l'employabilité.
Environ 50 millions de francs ont été budgétés par le canton pour l'accueil des réfugiés d'Ukraine, a rappelé le ministre de l'Economie. Il s'agit d'une "première tranche", qui sera complétée par des financements fédéraux. Une "grande incertitude" plane sur la suite. "Personne ne peut dire ce qui va advenir dans un mois. Nous tentons de gérer une crise aux multiples inconnues."
Cet article a été publié automatiquement. Source : ats