La saison des résultats annuels des sociétés cotées s’est ouverte hier. Avec UBS, Galenica, Mikron, Logitech. Et SGS à Genève, dont vous avez choisi de nous parler. Vous êtes sûr ? Parce que tout a l’air de bien aller pour SGS.
Oui, pour Logitech aussi d’ailleurs, du côté de Morges. Mais j’ai parlé récemment de Logitech. Alors pourquoi pas SGS, sur la Place des Alpes. Derrière les palaces de la rade et en bordure des Pâquis. Un bijou d’entreprise mondialisée dans les services. Et pas bancaires pour une fois. SGS, ça veut dire Société générale de surveillance. On parle aussi souvent d’inspection.
Mais ça c’est un peu de l’histoire ancienne.
Oui. SGS aujourd’hui, c’est surtout une société de certification. Elle vous certifie la qualité et la conformité aux normes de n’importe quel bien et service dans le monde. Norme internationale, nationale, technique, alimentaire, de développement durable, etc. Ce sont des activités en plein développement. Et c’est devenu très technologique. Dans le traitement du big data en particulier.
Alors bon. SGS maîtrise son sujet, tous ses indicateurs annuels sont en hausse. Ventes à 6,7 milliards de francs, marge nette à 643 millions. 10% du marché, leader mondial. Tout va bien.
Sauf que SGS a perdu son légendaire président l’été dernier.
Sergio Marchionne. Paix à son âme. Cet italo-canadien avait été repéré dans les années 90 par un industriel suisse nommé Christoph Blocher. Et placé à la tête du groupe SGS, en perdition à l’époque. Pour lui retrouver un avenir.
Et puis au conseil de SGS, dans les années 2000, Marchionne est entré en contact avec le clan Agnelli. Ils l’ont mis à la tête d’un groupe Fiat à Turin, au fond du trou. Pour lui retrouver un avenir encore.
Vous connaissez la suite : Fiat a repris Chrysler aux Etats-Unis, vendu par Barak Obama pour un dollar. Mais ne me demandez pas comment Marchionne et Fiat ont réussi à faire de la marque Jeep une fierté nationale italienne.
L’après Marchionne pourrait quand même s’avérer un peu périlleux pour SGS, non?
Oui, on ne sait jamais. Mais l’opérationnnel est dirigé depuis quatre ans par un manager qui s’est avéré très à l’aise dans le profil actuel de SGS. C’est un Chinois nommé Frankie Ng. Oui Ng. Ça s’écrit N G. Mais tout le monde l’appelle Monsieur Frankie. Il a fait ses études d’ingénieur à Genève et œuvre dans le groupe depuis 1994.
Un manager chinois ? C’est précieux par les temps qui courent.
Oui, SGS emploie 15 000 personnes en Chine. Un employé sur six. Les Chinois veulent en finir avec leur réputation de camelote. Ils sont très demandeurs de certifications qui les obligent à monter en gamme. Alors en Chine, se faire certifier en Suisse, c’est le nec plus ultra.
Parce que SGS est une vieille institution dans le monde. Elle remonte à 1878. Au XXe siècle, il y avait des inspecteurs indépendants dans tous les ports d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine. Pour vérifier les quantités et la qualité des matières premières et marchandises embarquées.
SGS était une sorte de CICR du développement économique. D’ailleurs regardez la façade historique de la place des Alpes. Vous ne trouvez pas qu’elle fait penser au bâtiment du CICR dans le quartier des Nations ?
https://www.radiolac.ch/podcasts/economie-avec-francois-schaller-23012019-071440/