La chef de l'exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, a été contrainte mercredi d'arrêter son discours de politique générale après avoir été chahutée par des parlementaires. Le Parlement a été le théâtre de scènes chaotiques.
Le discours de politique générale de Carrie Lam était présenté comme une tentative pour reconquérir la confiance de la population après plus de quatre mois d'une crise politique sans précédent. Mais des parlementaires pro-démocratie l'ont huée, l'obligeant à quitter le conseil législatif ("LegCo"), le Parlement local.
Cette allocution était très attendue, après un été de manifestations et d'actions quasi quotidiennes pour demander notamment des réformes démocratiques, sur fond de dénonciation de l'ingérence grandissante des autorités centrales chinoises. Elle a au contraire souligné une nouvelle fois la profonde division de la société hongkongaise.
Mme Lam a tenté à deux reprises de prononcer son discours annuel devant une assemblée qui s'était ouverte pour une nouvelle session d'environ trois mois.
Des parlementaires pro-démocrates l'ont huée alors que l'un d'eux projetait des slogans du mouvement de protestation avec un projecteur de poche sur le mur situé derrière Mme Lam, qui se tenait debout sur un podium. Après avoir échoué une seconde fois à prononcer son allocution, la dirigeante a quitté le bâtiment en compagnie de sa garde rapprochée.
Diffusion par vidéo
Ses services ont indiqué que le discours de la chef de l'exécutif serait diffusé ultérieurement dans une vidéo pré-enregistrée. La pression était immense mercredi matin pour Carrie Lam dont le niveau de popularité est historiquement bas.
L'annonce d'une batterie de mesures économiques et sociales était notamment attendue afin d'apaiser une partie de la colère de la population, dont le niveau de vie est de plus en plus bas.
Il apparaissait cependant peu probable qu'elle fasse d'importantes concessions politiques aux manifestants. Carrie Lam et Pékin ont à plusieurs reprises rejeté ces revendications et peinent à trouver une issue à la crise.
La mobilisation est née du rejet d'un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine. Ce texte a depuis été retiré, mais trop tardivement selon les manifestants qui ont depuis considérablement élargi le champ de leurs revendications.
Depuis lors, l'ex-colonie britannique traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions parfois violentes pour dénoncer un recul des libertés, exiger des réformes démocratiques et dénoncer une riposte policière jugée brutale par les contestataires.
Des "conséquences" pour les Etats-Unis
Réagissant à un vote de la chambre des représentants américaine en faveur des libertés civiles à Hong Kong, la Chine a, quant à elle, exprimé son "extrême indignation". "Nous appelons les Etats-Unis [...] à cesser immédiatement de se mêler des affaires de Hong Kong et des affaires intérieures de la Chine", a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise.
Il a averti que le vote des représentants américains aurait pour conséquence "des mesures énergiques" de la part de la Chine, sans préciser lesquelles.
La chambre des représentants a adopté mardi une "loi sur les droits de l'homme et la démocratie à Hong Kong" qui menace de suspendre le statut économique spécial accordé par Washington à l'ancienne colonie britannique.
Le texte, qui doit encore être discuté au Sénat, conditionnerait le maintien de ce statut spécial à la validation annuelle par le département d'Etat d'une situation jugée convenable en matière de respect des droits civils de la part des autorités hongkongaises. Il prévoit également des sanctions pour tout responsable qui abolirait "des libertés fondamentales" dans ce territoire semi-autonome.
Source / ATS.