Troisième jour du procès de l’agression de Saint-Jean à Genève. Ce mercredi matin c’était au tour de la médecine légale et des psychiatres de livrer leur rapport au Tribunal criminel.
Les deux prévenus sont accusés d’avoir attaqué, avec trois autres mineurs, deux trentenaires dans le quartier de St-Jean en janvier 2017. Une agression violente qui a laissé les deux victimes lourdement handicapées. Ce matin, les médecins légistes ont livré leur analyse. Ils ont été interrogés sur les coups portés, coups de pieds, de batte de baseball et de casque. A savoir lesquels avaient provoqués quelles lésions. M., la victime la plus touchée, aurait ainsi reçu des coups de casque qui lui auraient fracassé la partie la plus solide du crâne. Le Tribunal a ensuite entendu les psychiatres. La personnalité de G., considéré par certains comme le meneur du groupe, a été exposée. Le détail de cet interrogatoire.
G. a une personnalité borderline, dissociale selon les psychiatres. Il a une attitude globalement irresponsable et une incapacité à tirer des enseignements de ses expériences de vie, du passé. G. estime avoir eu une enfance heureuse mais le médecin relève que ses parents se sont séparés quand il était très jeune. Et que malgré l’affection de sa mère, il est possible qu'il ait manqué d’un cadre structurant. Puis vient le problème de l’alcool consommé ce soir-là, et s’il avait influencé son comportement et sa responsabilité. Selon le dossier, l’accusé avait bu plus d’un demi litre de vodka/red bull. Le psychiatre rappelle que déjà à l’âge de 15 ans, l’accusé a fait un coma éthylique doublé d’une hypothermie à 32 degrés. Pour le médecin, cela montre que le sujet a une sensibilité particulière à l’alcool, une sorte de vulnérabilité. Il ajoute que sur une personnalité immature, impulsive et mal structurée comme celle de G., l’alcool influence ses capacités à réfléchir. Surtout dans un contexte de groupe. Il gère mal la colère et il manque d'empathie. Concernant le risque de récidive, il l’estime qu’une psychothérapie en prison pourrait réduire celui-ci.
Puis l'après-midi, c'était au tour des témoins de moralités de venir à la barre. Les proches des accusés.
La mère de G., un des deux accusés, a témoigné cet après-midi. A la question du juge : comment était votre fils ? elle répond. C’était un enfant plein de vie. Sans histoire. Jusqu’à malheureusement ces faits. Beaucoup de vie sont touchées par cette tragédie, dit-elle. G, son père, moi et les deux victimes. Le juge lui demande si son fils a changé d’attitude après le nouvel-an 2017 ? Il aurait commencé à perdre ses cheveux début février. D’abord un trou, puis par poignée. Elle l’a emmené chez un spécialiste qui aurait demandé à son fils s’il avait eu un choc. Il aurait répondu par la négative. Mais il ne se lève plus le matin et manque l’école. Elle lui parle, il se reprend et passe son année. Elle dit connaître ses amis qui sont venus à 2 ou 3 reprises chez elle. L’avocat de son fils l’interroge à son tour. Elle dit avoir le souffle coupé lorsqu’elle visite son fils en prison. Après sa libération en mars 2018, elle constate un changement. Il ne manque jamais ses rendez-vous. G. pourrait-il s’enfuir ? « Jamais mon fils n’a pensé à quitter la Suisse ». Quand l’avocat la questionne sur son soutien inconditionnel, elle répond : « mon fils est tout ce que j’ai dans ma vie ».
La mère de l’autre accusé est brésilienne. Elle est arrivée en Suisse en 2004 pour fuir un mari violent. Puis elle a fait venir son fils. Il avait 8 ans. Jusqu’à ses 17 ans, il ne sortait pas, dit-elle. Jusqu’à cette blessure qui a brisé ses rêves de devenir footballeur. En fin d’audition, la mère, très croyante, demande pardon aux victimes et à la Suisse qui l’a accueilli, elle et son fils.
Le procès se poursuit avec le réquisitoire du procureur et les plaidoiries des avocats. Le verdict est attendu mardi.