A Genève, le procès du chauffeur de taxi, d'origine éthiopienne, accusé du meurtre et du viol de la petite Semhar, 12 ans, se poursuit. Cet après-midi, la présidente, Isabelle Cuendet, a interrogé le prévenu. Devant la famille de la victime, sa maman et sa sœur. Le récit de la journée.
L’émotion était palpable dans la salle du tribunal. Les questions précises, minutieuses de la présidente sur l’emploi du temps de l’accusé le soir précédent la disparition de Semhar, ce rendez-vous donné secrètement par le chauffeur de taxi, tout est soigneusement détaillé.
L’accusé entretient une relation avec la mère de la fillette. Il dit l’aimer et aimer aussi ses trois enfants, Semhar, 12 ans, sa sœur de 6 ans et son frère de deux. Le jour du meurtre, il accompagne la maman à l’hôpital avec son fils malade et la plus jeune des filles. Il quitte les HUG à 19 h 32 avec son taxi, seul, pour se rendre dans le quartier de la Tambourine à Carouge, où habite la famille. Il va y rejoindre Semhar, à qui il a donné rendez-vous le soir précédent pour le fameux cours de conduite. Son tachygraphe indique 19h47 lorsqu’il arrive. Il dit attendre la petite dans un parking du coin. Elle ne vient pas, mais ne s’inquiète pas. Il pense qu’elle doit être avec ses copines et repart. A 20 h 23, dit le compteur de son taxi.
Et là, il décide d’inviter la petite famille au restaurant. La mère et ses deux jeunes enfants doivent le rejoindre.
Pour leur faire une surprise dit l’accusé. Pendant 12 minutes, il téléphone à la maman de Semhar, mais ne lui parle pas de son rendez-vous manqué avec sa fille. Jusqu’à minuit, il reste au restaurant et ne dit toujours rien malgré que la mère essaie des dizaines de fois de joindre son aînée, sans succès. Pas plus qu’il n’en parle à minuit, alors que tout le quartier est en ébullition, à la recherche de la fillette. Ni non plus le lendemain à la police. La présidente du tribunal s’en étonne. Vous n’étiez pas inquiet, interroge-t-elle ? Elle allait souvent faire du Jogging seule, répond l’accusé. Dans l’assistance, la maman éclate en sanglot, Jamais la nuit, lâche-t-elle en pleurs. L’émotion envahit la salle d’audience. La présidente calme la maman. Elle pourra s’exprimer demain, lors de son audition.
Isabelle Cuendet revient ensuite sur les analyses ADN effectuées sur le corps de la victime.
L’ADN de l’accusé a été retrouvé sur son poignet, son cou et sa hanche, mélangé à d’autres. En revanche dans son entrejambe et sur son slip, seul le sien y figure. Il se défend en expliquant que vivant dans la maison, il est possible qu’il ait touché les habits de Semhar. La question de l’ADN fait bondir les avocats de la défense. Ils accusent la Magistrate de se livrer à un interrogatoire «très orienté». L’audience se poursuit actuellement avec les questions des avocats.
Dans ce procès, une autre plaignante accuse le meurtrier présumé de l’avoir violée à maintes reprises, de l’avoir frappée et même séquestrée. Deux autres femmes ont témoigné d’actes similaires.