Procès de Saint-Jean, la parole était aux avocats de la défense ce vendredi matin.
Dernier jour du procès des agresseurs de Saint-Jean avant le verdict tombera mercredi. Le procureur a requis 14 ans et demi et 14 ans de prison contre les deux accusés et retenu le chef d'accusation de double tentative d’assassinat. Majeurs au moment des faits, ils sont accusés d’avoir agressé deux trentenaires, à St-Jean en 2017, en compagnie de trois autres mineurs. Ce matin c’était au tour des avocats de la défense de s’exprimer.
Pour Guerric Canonica, l’avocat de l’accusé considéré comme le leader du groupe par le procureur, les juges ne doivent pas "céder à la vindicte populaire". Ils ne doivent pas appliquer la loi du talion (œil pour œil dent pour dent, ndlr). Il revient sur l’intention d’homicide. Son client n’avait pas l’intention de tuer les victimes. Même par dol éventuel. Traitant son propre client "d’abruti", il revient sur sa déclaration à la police : « Jamais je n’ai pensé que c’était aussi grave, c’est seulement quand j’ai vu les victimes dans le coma que j’ai compris qu’elles allaient mourir. »
L’avocat relève l’immaturité de son client, qui à l’époque, venait d’avoir 18 ans. Une immaturité constatée par le psychiatre. Il estime son âge affectif entre 14 et 15 ans. Le mobile, c’est l’effet de groupe, selon l'homme de loi. Ils buvaient beaucoup, et l’accusé avait une sensibilité particulière à l’alcool. A cause de sa maladie mentale. Il revient sur le comportement exemplaire actuel de son client. 14 ans et demi de prison, c’est trop. C’est la peine réservé à ceux dont l’intention de tuer est durable. « Ne le cassez pas, dit-il aux juges. Ce n’est pas le rôle de la peine. Il a droit à un avenir, appliquez une sanction raisonnable“. Que l’avocat de la défense estime à 10 ans.
L'avocat de l'autre accusé, Guillaume de Candolle, plaide à son tour. Le procureur a demandé une peine de 14 ans, assortie d'une expulsion du territoire de 15 ans.
L'avocat revient sur le groupe des Brathers. Ces jeunes se prenaient vraiment pour une famille. Leur activité favorite était de discuter en écoutant de la musique. Le soir de l'agression, on les a vu chanter, danser et boire. "Ils sont bien loin des monstres que le MP veut nous vendre, selon l'avocat. Bien loin des jeunes qui organisent des équipées sauvages. ce n'est pas une bande organisée pour commettre des meurtres". Son client ne serait pas un acteur majeur du groupe, n'ayant pas participé à toutes les attaques du groupe. Concernant l'expulsion du territoire demandée par le Ministère public pour une durée de 15 ans, Guillaume de Candolle relève que son client a des liens intenses avec la Suisse. Il a été scolarisé 10 ans à Genève et ses perspectives de réinsertion sociales sont importantes. Il dispose d'un vaste réseau d'amis, d'une place d'apprentissage et sa mère est la seule personne sur qui il peut compter. Il parle mal le portugais et il n'a aucun point de repère au Brésil. L'avocat conclut, s'adressant aux juges: "Pour juger, il faudra rompre avec l'opinion publique."
Avant la clôture des débats, les deux accusés ont présenté leurs excuses aux familles des victimes et aux victimes. "Si je pouvais revenir en arrière", je le ferai a dit l'un d'eux.