Le syndicat Travail Suisse a diffusé hier un communiqué incitant les différentes branches économiques à délivrer des certificats de formation.
Oui, certifier plus ou moins formellement tout ce qui relève de la formation dans les entreprises se fait de plus en plus. C’est une vraie tendance qui favorise la fluidité dans le monde du travail. Et ce serait encore une meilleure chose si ça pouvait mettre fin à la manie des certificats qualitatifs de travail.
Le certificat de travail lorsque vous quittez votre employeur ? Mais c’est indispensable !
Je dis bien qualitatif. Je parle des certificats de travail positifs, voire élogieux envers l’employé. En Europe, il n’y a pas guère qu’en Suisse et en Allemagne que ça se pratique. Et c’est devenu inutile parce qu’à peu près plus personne ne les lit.
Le certificat de travail existe aussi en France et ailleurs.
Oui, il est même obligatoire. Mais il se contente de mentionner des fonctions et des dates. Il n’y a pas d’appréciation en France sur la qualité du travail ni sur les comportements ou la personnalité de l’employé. En Suisse oui. Un simple certificat administratif peut même devenir suspect. Parce qu’a priori négatif par abstention.
C’est obligatoire en France, mais c’est aussi obligatoire en Suisse.
D’après le code des obligations, ce n’est obligatoire en Suisse que si l’employé le demande. Et ça ne peut pas contenir d’éléments dépréciatifs. Tout doit être plus ou moins positif. L’employé peut d’ailleurs refuser le texte s’il estime qu’il n’est pas assez positif. Sans compter que le futur et nouvel employeur pourra poursuivre l’ancien s’il estime que le certificat ne reflétait pas la réalité. C’est dire l’absurdité du système. Le premier syndicat qui recommandera à ses membres de ne plus demander de certificats de travail qualitatif fera œuvre d’utilité publique.
Et comment les recruteurs vont se faire une idée de la qualité des candidats ?
Une bonne lettre de motivation contient une ou deux références de personnes si possible connues dans la branche. Avec leur numéro de téléphone le plus direct. Et ça peut s’arrêter là. Rien de tel autrement qu’une bonne discussion téléphonique pour se faire une idée. Un employeur qui veut absolument savoir comment s’est passée la précédente expérience professionnelle d’un candidat finit d’ailleurs toujours pas le savoir. Et de manière bien plus fiable qu’avec un certificat de travail dithyrambique.
Mais la référence mentionnée par le candidat peut aussi être de connivence avec lui.
Oui, c’est un risque. Mais le risque zéro n’existe pas dans les recrutements. Tous les employeurs en ont fait une fois ou l’autre l’expérience.
On entend souvent dire que les certificats de travail sont codés en Suisse.
Non, c’est un mythe. Un mythe qui montre bien d’ailleurs que ce document est un problème et qu’il stresse inutilement les employés. OK, si vous lisez que l’employé a donné satisfaction, ce n’est pas la même chose que s’il a donné « pleine et entière satisfaction ». Mais ce n’est pas du codage. Juste une marge d’interprétation. Et elle ne crée que des malentendus.