Travail.Suisse veut moderniser le travail à temps partiel en Suisse. La faîtière a présenté mardi 19 revendications visant notamment à garantir de meilleures perspectives de carrière et faciliter l'accès à la formation continue pour les personnes à temps partiel.
Travail.Suisse souhaite aussi accorder une reconnaissance réelle et une valeur indirecte au travail non rémunéré. Ces conclusions découlent d'une analyse, présentée mardi à Berne, laquelle montre que le travail à temps partiel répond aux besoins des employés, mais nécessite des ajustements pour en atténuer les effets négatifs.
"Le travail à temps partiel présente des inconvénients tels qu'une couverture sociale amoindrie, de moins bonnes perspectives de promotion, moins de formation continue et des retraites moins élevées", constate le président de Travail.Suisse Adrian Wüthrich.
Plus d'un tiers (37%) des salariés étaient à temps partiel en 2022 en Suisse. Ils étaient 32% en 2002. Le temps partiel concerne une majorité de femmes (56%) et une minorité d'hommes (16%).
Des salaires minimums plus élevés
L'organisation faîtière demande donc une adaptation des lois "qui datent d'une époque où le travail à temps plein était la norme". Il s'agit entre autres d'améliorer le système de retraite et la protection des travailleurs en cas de travail à temps partiel.
Une autre revendication concerne les salaires. Dans les secteurs à bas salaires, de nombreuses femmes travaillent à temps partiel, a expliqué la présidente de Syna Yvonne Feri. Selon elle, ces femmes ne doivent plus être obligées de choisir entre pauvreté ou surcharge de travail.
C'est pourquoi des salaires minimaux de 4500 francs par mois pour les personnes non qualifiées et de 5000 francs pour les personnes ayant suivi un apprentissage doivent être la référence dans les conventions collectives de travail (CCT) déclarées de force obligatoire, d'après Travail.Suisse.
Selon la conseillère nationale Greta Gysin (Vert-e-s/TI), présidente du syndicat Transfair, il faut des jours de congé fixes pour pouvoir planifier le travail à temps partiel et la famille. La Poste s'était opposée à cet accord lors des dernières négociations de la CCT, mais en tire désormais des expériences positives.
Problème des heures supplémentaires
Les employeurs font supporter aux salariés à temps partiel les variations de travail, sans frais en plus pour l’entreprise, a critiqué le conseiller national Giorgio Fonio (Centre/TI), vice-président de Travail.Suisse. Ces employés dépassent rarement la durée hebdomadaire maximale de travail de 45 ou 50 heures par semaine. Au final, leurs heures supplémentaires ne donnent presque jamais droit à un supplément de salaire, a-t-il ajouté.
La loi sur le travail ne prévoit pas de règles spécifiques pour le temps partiel concernant la durée maximale de travail ou les suppléments de salaire. Les heures supplémentaires ne sont pas calculées en fonction du taux d’engagement.
Adrian Wüthrich a rappelé que, selon l'Office fédéral de la statistique, les salariés suisses sont les champions d'Europe du travail avec une durée hebdomadaire moyenne de 42 heures et 19 minutes pour un poste à 100%. L'augmentation de la productivité n'a rien changé à cela.
Les critiques actuelles des employeurs à l'encontre du travail à temps partiel n'ont pas lieu d'être, selon Travail.Suisse. L'organisation, qui en souligne les avantages, s'engage pour une amélioration des bases légales. Les couples avec enfants pourraient profiter du temps partiel, ce qui permettrait de lutter contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, au profit de l'économie.