Le comité directeur du PLR Genève a décidé d’exclure lundi matin le conseiller d’Etat Pierre Maudet du parti. Vingt-deux voix se sont prononcées en faveur de l’exclusion, une personne s’est abstenue et une autre s’est prononcée contre, "un vote qui envoie un signal clair", a déclaré le président du PLR Genève Bertrand Reich.
Le vote s'est déroulé au terme d'une heure et demie de discussions, a indiqué le président du PLR Genève Bertrand Reich. qui d'un choix "clair et lourd".
Bétrand Reich garanti que toutes les discussions ont eu lieu dans un climat sain, prenant en compte toutes les hypothèses possibles avant que le vote ne soit entamé.
Exclusion immédiate
"La décision d'exclusion entre en vigueur maintenant", a relevé B.Reich. Si une assemblée générale du parti est convoquée, il faudra alors attendre qu'elle se prononce sur la question avant d'éventuellement réintégrer le magistrat au sein du PLR. P.Maudet, qui a affirmé qu'il ne démissionnerait qu'en cas de condamnation, exercera sa fonction en tant qu'indépendant.
B.Reich a déclaré avoir de l'incompréhension vis-à-vis de Pierre Maudet. Il a reconnu ses qualités politiques, sa capacité de travail, son activité durant la crise sanitaire. Il lui a reproché toutefois d'être centré sur son destin à lui et "de ne pas s'intéresser au sort du parti qui lui a permis d'être là".
"Sans le PLR, Pierre Maudet n'existerait pas", a encore insisté B.Reich. Le conseiller d'Etat ne semble d'ailleurs plus disposer de beaucoup d'appuis au sein de la formation politique qui l'a vu grandir. Pour l'affirmer, le président du PLR s'est référé aux nombreux messages que lui a envoyés la base du parti. Un président qui ne craint d'ailleurs pas de démission en masse suite à la décision prise.
Recours possible
Pierre Maudet, qui se débat dans les filets de la justice depuis bientôt deux ans, a maintenant la possibilité de s’opposer à cette exclusion du comité directeur en appelant à l’assemblée générale du PLR Genève et en tentant de retourner la situation auprès de celle-ci. Il a trente jours pour le faire.
Le conseiller d'Etat avait prévenu en fin de semaine dernière qu'il ne se rendrait pas à la réunion de lundi matin. "Mon droit à être entendu est un leurre", avait-il dit, affirmant qu'il ne participerait pas "à ce procès politique".
Impensable
Du côté du comité directeur du PLR, la vision est tout autre. Il est impensable d'avoir un conseiller d'Etat impliqué dans un procès pénal, a estimé B.Reich. Ce dernier faisait référence à l'intention du Ministère public genevois de renvoyer le magistrat en jugement pour acceptation d'avantages.
Une autre procédure devant la justice a aussi pesé sur le vote. P.Maudet a effet affiché sa volonté de s'associer à une plainte déposée par son fidèle lieutenant Simon Brandt pour abus d'autorité. Le conseiller municipal, soupçonné de violation de secrets de fonction, avait été arrêté et auditionné en décembre dernier.
"P.Maudet a le droit de se défendre, je l'y encourage", a souligné B.Reich. "Mais le conseiller d'Etat a aussi le devoir de préserver les institutions". Il peut accuser la justice d'errements, la police d'abus, le procureur général de partialité, mais "il doit le faire en tant que citoyen", a souligné le président du PLR.
Une escapade qui coûte cher
L'affaire "Maudet", qui plombe la vie politique genevoise depuis bientôt deux ans, s'est à nouveau emballée la semaine dernière, lorsque le Ministère public a déclaré son intention de renvoyer le conseiller d'Etat devant un tribunal, le soupçonnant d'acceptation d'avantages.
Le voyage controversé du magistrat à Abu Dhabi en novembre 2015 est la principale charge qui pèse sur les épaules du magistrat. En revanche, le volet portant sur le financement des activités politiques de Pierre Maudet, et notamment des fonds versés par le groupe hôtelier Manotel, devrait faire l'objet d'un classement.