A Genève, l'arrivée du Léman Express agit comme un moteur de développement urbain dans un canton qui peine à construire assez de logements. Les nouveaux quartiers qui poussent autour de quatre gares accueilleront près de 4'500 habitants.
La révolution attendue en matière de mobilité avec la mise en service le 15 décembre du RER transfrontalier s'accompagne ainsi d'une véritable mutation urbaine. De nombreux chantiers sont en cours, mais les futurs quartiers dévoilent déjà en partie leur visage.
Une chance
Chêne-Bourg, petite commune de 8'790 habitants, verra un nouveau centre émerger autour de la halte du Léman Express. Une friche industrielle de quatre hectares proche de l'ancienne gare a pu être aménagée. La tour Opale, un bâtiment vitré de 19 étages, est la figure de proue de ce nouveau quartier.
Au total, 240 logements - soit près de 500 habitants - sont prévus à cet endroit. La commune a consenti des investissements de près de 26 millions de francs en lien avec l'arrivée du RER transfrontalier, dont 10,6 millions pour des équipements publics et 15,8 millions pour le réaménagement des rues, des parcs et des places publiques.
"C'est supportable pour une petite commune, notamment avec les rentrées fiscales potentielles", relève Pierre Debarge, conseiller administratif de Chêne-Bourg. En fonction depuis 1999, ce PDC a toujours considéré l'arrivée du Léman Express comme une chance plutôt que comme une contrainte.
Pression foncière
Des entreprises du secteur tertiaire sont attendues dans les quelque 10'500 m2 de surfaces commerciales et de bureaux. L'urbaniste de la commune, Olivier Walser, constate une transformation du tissu économique avec le départ des industries. Cette mutation s'explique par la valeur prise par le terrain que ne peut plus rentabiliser le secteur secondaire, relève M.Walser.
Le dynamisme induit par l'arrivée du Léman Express à Chêne-Bourg va se diffuser à d'autres périmètres. "On sent que la pression foncière va faire son effet. Les promoteurs se réveillent pour activer des plans localisés de quartier modifiant le centre de Chêne-Bourg constitué d'îlots vieillissant", selon M.Walser.
La ville dans la ville
Un nouveau quartier de 400 logements pousse aussi autour de la nouvelle gare des Eaux-Vives conçue comme les autres haltes comme un lieu de vie plutôt que comme un pôle de transit. La Ville de Genève, qui voulait créer un morceau de ville dans la ville, a notamment misé sur des activités ouvertes au public au rez-de-chaussée des nouveaux bâtiments qui donnent sur une grande esplanade.
On pourra consommer, se restaurer et travailler mais aussi se cultiver à la Nouvelle Comédie, dont le bâtiment sera prêt en septembre 2020. Une piscine, une salle de grimpe, des terrains multiport, une crèche et un dépôt pour la voirie complètent le projet. La Ville de Genève a investi près de 198 millions de francs.
Occasion unique
"Une telle opportunité de développement au centre-ville sur une surface de cette taille est exceptionnelle", relève Isabelle Charollais, co-directrice du département des constructions et de l'aménagement de la Ville de Genève. "D'habitude, on travaille sur des périmètres qui ressemblent plus à des timbres-poste", ajoute-t-elle.
Le canton, qui coordonne l'aménagement des esplanades entre les gares et les bâtiments, insiste aussi sur "cette occasion à ne pas rater". Il s'agit de rapprocher la mobilité et l'habitat, relève Sylvain Ferretti, directeur général de l'Office de l'urbanisme. Les coûts d'investissement pour des aménagements autour des gares de Chêne-Bourg, Lancy-Bachet et Lancy-Pont-Rouge, portés par le canton et les communes, s'élèvent à près de 80 millions.
En France aussi
Si le verre domine aux Eaux-Vives, l'aspect minéral caractérise le nouveau quartier déjà partiellement construit autour de la gare de Lancy-Pont Rouge. Ces édifices aux lignes très graphiques offrent 640 logements et près de 122'000 m2 d'activité et de commerces. A Lancy-Bachet, 640 logements sont prévus dans le quartier tout proche de Chapelle-Gui.
Le RER transfrontalier dynamise également le quartier de la gare d'Annemasse (F). D'ici 2031, l'écoquartier Etoile qui s'étendra sur 17 hectares offrira 1200 logements. Les premiers bâtiments seront livrés à la fin de l'année.
Source: ATS