La crise due au Covid-19 frappe durement les personnes aux emplois précaires, notamment les employées domestiques. A Genève, le SIT appelle le Conseil d'Etat à prendre des mesures urgentes pour les protéger, dont la création d’une allocation temporaire cantonale de pandémie.
Estimées entre 8000 et 10'000 dans le canton de Genève, les employées domestiques cumulent pour la plupart diverses formes de précarité: de l’emploi, du statut de séjour, du logement, de la couverture sociale, y compris en termes d’accès aux soins, a rappelé David de Filippo, co-secrétaire général du Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT) jeudi lors d'un point de presse vidéo.
Réalisant des tâches essentielles au fonctionnement de la société, (garde d'enfant, assistance aux personnes âgées, handicapées ou malades), les travailleuses de l’économie domestique se retrouvent aujourd’hui au cœur du dispositif de lutte contre la pandémie: le domicile des gens. Dans ce lieu dévolu au confinement, elles ne bénéficient d'aucune forme de protection, ni sanitaire ni de leur revenu, a expliqué M. De Filippo.
Situations dramatiques
Depuis le 16 mars, le syndicat a reçu une centaine d’appels d’employées domestiques licenciées ou perdant des heures de travail du jour au lendemain, a indiqué Mirella Falco, secrétaire syndicale en charge de l’économie domestique. Leurs employeurs renoncent aux services de ménage et/ou de garde d’enfants, craignant la contamination ou étant eux-mêmes confinés en télétravail ou en RHT (chômage partiel).
Les employées de maison en charge d’enfants, de personnes malades ou âgées se rendent au travail la peur au ventre: peur de contaminer le foyer où elles travaillent ou de tomber malades et de rester sans revenu. Elles se retrouvent ainsi "dans une détresse extrême", a souligné la secrétaire syndicale.
Dispositif fédéral inadapté
Etant sous contrat avec des personnes privées, les employées domestiques ne peuvent en effet prétendre à l’indemnité en cas de RHT, réservée aux entreprises produisant bien et services.
L’accès au chômage ou aux allocations perte de gains (APG) est également difficile, en raison des caractéristiques structurelles du secteur: persistance du travail non déclaré, absence de fiches de salaires, de contrats écrits et de stabilité dans le nombre d’heure travaillées, le plus souvent auprès de plusieurs employeurs
Malgré la régularisation effectuées lors de l'opération Papyrus, environ 3000 d'entre elles ne disposent pas d'une permis de séjour, ce qui leur ferme l’accès aux chômage et aux assurances sociales, a notée Mme Falco.
Allocation de 3320 francs
Pour remédier à cette situation, le SIT a adressé jeudi dix revendications au Conseil d’Etat. Parmi les plus importantes, une allocation temporaire cantonale de pandémie forfaitaire de 3'320 francs par mois, afin de garantir un revenu d’existence minimal, subsidiaire au dispositif d’assurances sociales fédéral. Elle pourrait être étendue à tous les travailleurs précarisés, comme le revendique la CGAS, a relevé M. de Filippo.
Le SIT demande également la reconnaissance du caractère essentiel pour la collectivité de leur tâche de soins et d'assistance. Les employées domestiques doivent bénéficier des mêmes mesures de protection sanitaire que le personnel d'aide à domicile, estime-t-il. Enfin, les autres activités non essentielles de l’économie domestique doivent être interdites de manière à protéger la santé de tous.
Propositions étudiées
Interpellé à ce sujet jeudi lors de son point presse, le Conseil d'Etat va étudier avec attention les demandes des syndicats qui concernent un secteur économique dont le personnel a un statut fragile. Selon le président du gouvernement Antonio Hodgers, "cela se fera en lien avec l'aide aux entreprises et avec l'aide sociale".
Afin de protéger ces personnes, il faut les connaître a ajouté le conseiller d'Etat Pierre Maudet. Il a appelé le personnel de l'économie domestique à faire part de ses difficultés.