Il faut les voir en ce mois de novembre. Entendre leur déception, leur colère, leur amertume. A ces élus de tous bords. A ces hommes et ces femmes engagés en politique. Au-delà des affaires qui touchent leurs magistrats, quasi tous partis politiques confondus d'ailleurs, c'est le «Tous pourris» qui les écoeurent.
Ces députés, ces conseillers municipaux, ces représentants des partis qui, en plus de leur travail, ne comptent pas leurs heures. Des après-midis et des soirées à siéger en commission, en caucus ou en plénière. Des samedis en assemblée générale, à récolter des signatures ou tenir des stands. Autant de moments en famille ou avec les amis sacrifiés. Oui, le mot n'est pas trop fort. En tout cas, pour une grande partie d’entre eux.
On ne va pas les plaindre, diront certains. Ils touchent des jetons de présence. Certes, mais on est loin des montants perçus par les conseillers administratifs ou les conseillers d'État. Autre argument choc: ils l’ont choisi. Exact. Ils ont choisi d'oeuvrer pour la «polis». Pour la «cité», au sens grec du terme. Comprenez pour le bien de la communauté. Un peu pour l'ego certainement aussi. Mais sûrement pas pour se faire insulter, brocarder et incendier. Sous prétexte que, soi-disant, «il n’y en a pas un pour rattraper l'autre».
Cela étant dit, ne soyons pas dupes. Dans la cohorte des politiciens indignés qui réclament à raison (j'insiste) plus de transparence, se cachent ceux qui poussent des cris d'orfraie pour détourner les projecteurs du représentant de leur parti, lui aussi dans la panade. Soyons clair: quand la tempête s'abat sur le PDC Guillaume Barazzone, le PLR Pierre Maudet bénéficie d'une accalmie. La technique du contre-feu a fait ses preuves.
Et puis, il y a ceux qui profitent de l'occasion – un peu trop belle – de dézinguer le concurrent au sein de leur propre camp. De la politique politicienne sous couvert de moralité et d'appel à l’exemplarité. De grands mots dissimulent parfois de basses stratégies.
«Je me suis engagé en politique pour changer les choses, pour faire avancer des idées, porter mes convictions», me confiait un parlementaire hier encore. «Avec tout ce qui se passe, je me demande si ça en vaut vraiment la peine.» Ce qui est certain, c'est qu'avec des raisonnements à l'emporte-pièce du type «Tous pourris», la politique de milice a du souci à se faire.
@marie_prieur