Aujourd'hui, je vous parle d'un président qui nous mène en bateau. Je vais vous confier un secret. L’année dernière, j’ai voté Macron. J’ai mis mon bulletin dans l’urne, en tout cas au deuxième tour, pour faire barrage à au Front National. Dans ses meetings, Marine Le Pen répétait : « L'immigration n'est pas une chance pour la France, c'est un drame pour la France ».
Au mépris de l’histoire de notre pays. L’historien Ernest Renan le disait en 1882 : « L'essence d'une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses. Aucun citoyen français ne sait s'il est Burgonde, Alain, Taïfale, Visigoth ; tout citoyen français doit avoir oublié la Saint-Barthélemy, les massacres du Midi au XIIIe siècle. Il n'y a pas en France dix familles qui puissent fournir la preuve d'une origine franque, et encore une telle preuve serait-elle essentiellement défectueuse, par suite de mille croisements inconnus qui peuvent déranger tous les systèmes des généalogistes ».
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron lui répondait, la larme à l’œil, qu’accueillir les migrants était d’abord une question de dignité.
Mensonges. Mensonges. Où était-elle, sa dignité, quand il a refusé d’ouvrir les portes à l’Aquarius, qui espérait débarquer cette semaine à Marseille les 58 réfugiés à son bord – et un chien ? « Je ne veux pas céder aux bons sentiments », a-t-il expliqué fermement.
Il faut respecter les règles européennes, on ne peut pas agir seuls. Alors première nouvelle. Combien de règles européennes la France ne respecte-t-elle pas, à commencer par le niveau de sa dette ?
58 êtres, au milieu des mers, qui rêvent d’un meilleur destin. 58 êtres, ballotés par les flots, devenus chair à pâté politicienne. Qu’en pensez-vous, de tous ces charabias ?
Enfants du Sénégal, enfants indochinois, invoquait Jacques Prévert dans un poème. « Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone, pêcheurs des Baléares ou bien du Finisterre, rescapés de Franco et déportés de France et de Navarre pour avoir défendu en souvenir de la vôtre la liberté des autres. On vous a renvoyé la monnaie de vos papiers dorés, on vous a retourné, vos petits couteaux dans le dos. Étranges étrangers. Vous êtes de la ville/vous êtes de sa vie/même si mal en vivez/même si vous mourez ».
En tant que citoyenne française et européenne, je n’ai pas honte de mon pays, parce que je sais que les Français, eux, auraient accueillis ces gens à bras ouverts, comme ils le font tous les jours en se mobilisant pour les réfugiés à Calais, en offrant la soupe, un café, une tente ou un matelas.
Non, j’ai honte de nos représentants, pour qui la politique n’est plus qu’une succession de chiffres bien alignés et de compromis mortifères.
Ce que j’aimerais, c’est que nos élus aient des principes. Vous allez me dire, c’est un mot vieillot, les principes. C’est galvaudé. Le principe de l’accueil, le principe de l’entraide, le principe de la fraternité, qui trône sur toutes les mairies de France, où est-il passé ?
L’Aquarius, frêle canot de sauvetage, est l’un des derniers fils qui nous lie à notre humanité. Hier, chez nous, à Berne, un groupe de députés a proposé que l’embarcation passe sous pavillon suisse afin qu’il puisse continuer ses opérations de sauvetage. Voilà qui ferait honneur à la Suisse et à sa tradition humanitaire. La Suisse n’a pas de mer, mais elle a un cœur.
Sans rancune.