Les manifestations contre le racisme fleurissent partout dans le monde. Elles dénoncent les bavures policières qui sont courantes aux Etats-Unis. En Europe et en Suisse, les choses sont différentes et les policiers tiennent à le rappeler. Entretien avec un Inspecteur genevois.
La police genevoise a le blues. Elle se défend d'être raciste. La semaine dernière, après la manifestation qui a réuni 10'000 personnes à Genève pour protester contre la mort de George Floyd, asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis, des représentants genevois des forces de l’ordre ont pris la parole pour dire haut et fort qu’ils ne cautionnent pas ces méthodes.
C’est le cas de Michaël Berker, il est Inspecteur de police depuis 1992 à la police cantonale genevoise. Il est Chef de groupe à la brigade de répression du banditisme, un service qui traite de braquage à main armée, de vols avec violences, d’extorsion de fonds avec demande de rançon. Il a rédigé un post sur Facebook. Pour lui, les policiers sont un échantillon de la société. Et il y a forcément de tout. Mike Berker.
La police est très contrôlée en Suisse, rappelle l’inspecteur qui est aussi le vice-président du syndicat de la police judiciaire. Et l’usage de la force est très réglementé, même s’il est nécessaire parfois. Il n’est utilisé qu’en dernier recours, selon Mike Berker.
Pas de délit de faciès
Les policiers se défendent de pratiquer le délit de faciès, comprenez de soupçonner toute personne de couleur ou ayant l’air étrangère. Ce sont des professionnels qui traquent des auteurs de crimes et d’infraction.
Il rappelle la dureté du métier parfois. Les policiers sont confrontés à des violences sociétales : physiques et morales.
Forces de police agressées
Être policier c'est une vocation. C’est aussi avoir des valeurs. Et les récents événements l’attristent, lui et ses collègues. Et l’inquiètent aussi.
La police judiciaire comporte plusieurs centaines de membres à Genève. Et différentes brigades, des mineurs des stupéfiants, et celles qui traitent des atteintes aux personnes, de la criminalité informatique, etc.
Réactions également ailleurs en Suisse
Les contrôles de police en Suisse sont "toujours strictement réglementés", affirme le président de la Conférence des commandants des polices cantonales (CCPCS), Stefan Blättler. Selon lui, "il faut une raison pour le contrôle et un signalement".
La couleur foncée de la peau ne suffit pas comme signalement, assure dans un entretien diffusé mardi par le Blick M. Blättler, en écho aux manifestations se déroulant à travers le monde, suite à la mort d'un Noir, George Floyd, lors de son interpellation par un policier blanc à Minneapolis, aux Etats-Unis. "Il faut plus de détail".
"Je dirais même que nous restons prudents lorsqu'il s'agit de personnes à la peau foncée et que nous réfléchissons si nous devons effectuer le contrôle ou pas", ajoute-t-il, soulignant que les policiers sont souvent filmés pendant leurs interventions.
Comportement testé
Des cas concrets sont étudiés pendant la formation pour prévenir le profilage racial, explique M. Blättler. Les aspirants policiers doivent en outre franchir un système de sélection par étapes, permettant de tester leur comportement et leur maîtrise de soi, poursuit-il. "Mais, naturellement, nous ne cessons jamais d'apprendre".
Le président de la CCPCS rejette les critiques sur les récentes manifestations contre le racisme qui ont eu lieu en Suisse, malgré les restrictions dues au nouveau coronavirus. "Les règles s'appliquent toujours", dit-il. "Mais si nous avions dispersé les manifestants, les gens auraient été encore plus nombreux à descendre dans la rue. Cela aurait abouti à l'inverse du but recherché par ces règles".
(ATS)