Le Kremlin a jugé mercredi la situation "très, très tendue" dans plusieurs régions de l'Oural et de Sibérie occidentale touchées par les plus graves inondations depuis des décennies, tout comme le Kazakhstan voisin, alors que le pic de crue n'est pas encore atteint.
Plus de 100'000 habitants ont été évacués ces derniers jours, principalement au Kazakhstan, mais aussi en Russie, ont annoncé les autorités respectives.
Ces crues sont causées par de fortes pluies associées à une hausse des températures, à la fonte accrue des neiges et à la débâcle des glaces hivernales recouvrant rivières et fleuves.
Aucun lien n'a été établi avec le changement climatique, mais, selon les scientifiques, le réchauffement de la planète favorise des événements météorologiques extrêmes comme les fortes précipitations à l'origine d'inondations.
Prévisions défavorables
"La situation est très, très tendue", a reconnu le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé par la presse.
"Les prévisions sont défavorables. L'eau continue de monter", a-t-il alerté, précisant que "de grandes quantités d'eau arrivent" dans les régions de Kourgan et Tioumen, plus à l'est par rapport à l'Oural.
Malgré cette situation exceptionnelle, le président russe Vladimir Poutine ne prévoit toujours pas de se rendre dans les zones sinistrées, a indiqué M. Peskov, en réponse à une question récurrente depuis le weekend.
Après l'attentat contre le Crocus City Hall près de Moscou qui a coûté la vie à 144 personnes, le maître du Kremlin n'était pas non plus allé sur les lieux.
L'Oural atteint 10 mètres
A Orenbourg, dans l'Oural, le niveau de l'eau a atteint mercredi soir 10,22 mètres, selon les autorités régionales, bien au-dessus du "seuil critique" fixé à 9,30 mètres. Le record de 9,46 cm remontait à 1942.
Les autorités ont réitéré leurs appels à la population se trouvant dans la zone inondable "à quitter leur domicile de toute urgence".
Au total dans la région d'Orenbourg, plus de 12'000 maisons restent inondées après que 630 aient été libérées des eaux dans 11 localités. Plus de 7700 personnes évacuées, selon les autorités régionales.
Seule bonne nouvelle à ce stade, à Orsk, deuxième ville de la région et où une digue s'est rompue en fin de semaine dernière sous la pression des eaux, le niveau de l'Oural a baissé de 29 cm, s'est félicitée la mairie.
Des images diffusées par le ministère des Situations d'urgence montraient toutefois encore des rues recouvertes d'une eau marron.
Lundi, des habitants s'étaient rassemblés pour demander des comptes aux autorités, malgré les menaces du parquet régional contre toute manifestation illégale et alors que les rassemblements sont strictement encadrés en Russie.
La région de Kourgan, plus à l'est, a évacué "à titre préventif" 1.600 personnes, dont 280 enfants, ont affirmé les secours, et celle de Tioumen, en Sibérie occidentale, dit attendre prochainement des niveaux records.
100'000 personnes évacuées
Si la Russie est fortement touchée, l'immense majorité des évacuations a eu lieu au cours des deux dernières semaines au Kazakhstan, dans l'Ouest et le Nord du pays, frontaliers du territoire russe.
"Depuis le début des inondations, 96'472 personnes ont été secourues et évacuées, dont 31'640 enfants", a annoncé le ministère kazakh des Situations d'urgence dans un nouveau bilan.
C'est la ville kazakhe de Petropavlovsk, voisine des régions russes de Kourgan et Tioumen, qui est la plus menacée. Quelque 200'000 habitants y vivent.
Au total, plus de 24'000 membres des ministères des Situations d'urgence, de l'Intérieur, de la Défense et des services secrets sont impliqués dans les opérations de sauvetage, ainsi que des milliers de volontaires civils.
Les autorités météorologiques ont par ailleurs averti que la fonte des neiges dans les montagnes pourrait entraîner de nouvelles inondations dans l'Est et le Sud du pays.
Ces derniers jours, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a déploré publiquement le manque de préparation des autorités locales, qualifiant ces inondations de "catastrophe naturelle peut-être la plus grande, en termes d'ampleur et de conséquences, de ces 80 dernières années".
L'agence nationale anti-corruption a, elle, indiqué mercredi mener des vérifications concernant les fonds spéciaux alloués à la lutte contre les inondations, le détournement d'argent restant endémique en Asie centrale.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp