Plus qu'un mois avant la reprise du tram à la rue de Carouge à Genève. En chantier depuis le 3 mars 2025, les travaux sont passés par des phases bruyantes pour les ouvriers mais aussi pour les habitants du quartier. Si certains ont été aperçus à leur balcon avec un casque anti-bruit sur les oreilles, Manuela, qui vit rue de Carouge depuis 30 ans, a essuyé quelques maux de tête, et s'estime chanceuse d'aller travailler loin du site.
Un quotidien rythmé par la poussière
L'impact de la première phase des travaux, démarrée en mars, a été particulièrement difficile pour Manuela. Période printanière oblige, les fenêtres ouvertes ont amplifié le bruit dans son logement. «C'était très dur parce qu'il perçait de partout, il y avait énormément de bruit, énormément de poussière», se remémore-t-elle, en soulignant que c'était «surtout ça qui était dérangeant au début». Après plusieurs mois, si une accalmie s’est fait sentir côté propreté, les nuisances sonores, elles, persistent. Manuela remarque que «ça s'est calmé côté poussière, mais le bruit est toujours là [...], ça fait du bruit très tôt, dès le matin, jusqu'au soir et parfois même pendant la soirée, ou pendant la nuit».
Malgré l'habitude d'un certain tumulte sur cette artère genevoise, le niveau de décibels du chantier a engendré quelques conséquences sur son bien-être. «J'ai eu quelques maux de tête, pour dire la vérité. Ça, au début, c'était un petit peu difficile», confie-t-elle. Sa chance, précise-t-elle, est de pouvoir s’absenter pour travailler, ce qui n’est pas le cas de tous ses voisins. Elle a d’ailleurs une pensée particulière pour les plus vulnérables restés sur place durant la journée:
J’ai surtout pensé à ces personnes qui devaient rester à la maison, les personnes âgées qui ne s'absentent pas de leur maison, de leur appartement, qui ne vont pas travailler loin de la rue de Carouge.
La question du loyer
Mais l'impact des travaux ne se limite pas aux nuisances sonores. Il se ressent également dans la fluidité de la rue. Si Manuela a de bonnes relations avec les ouvriers: «de temps en temps, ça m'arrive de dire bonjour et je reçois aussi des bonjours de leur part», elle a pu observer un agacement certain chez les passants en raison de la réduction des trottoirs.
Ce que j'ai pu entendre, c'est l'agacement de certaines personnes parce qu'ils ne savaient pas où passer.
Face à tout ces changements, la question d'une réduction de loyer se pose. L'habitante de Carouge y a songé: «Oui, ça m'a traversé l'esprit, je me suis vraiment posé la question». Si d'après ses recherches concernant sa régie, les travaux extérieurs n'ouvraient pas ce droit, elle ne s'est toutefois pas rapproché de l'Association suisse des locataires (ASLOCA). Ce qui est fortement est conseillé lors de telles demandes individuelles.
Retour du tram
La riveraine s'arme de patience et se réjouit surtout de la reprise du tram. Et l'enthousiasme se fait sentir à l'approche de cette étape majeure des travaux prévue pour le 6 décembre 2025. Les lignes TPG 12 et 18 reprendront leur trafic habituel après avoir été interrompues entre Plainpalais et Carouge depuis le 18 août de cette année. «Je prendrai beaucoup moins de temps pour aller au travail. Donc, je me réjouis. J'attends et je compte presque les jours», explique t-elle. Et pour cause, dès la reprise du tram, les désagréments liés aux bruits seront en partie résolus puisque les rails de tram sont remplacés par du matériel neuf, équipé d’un dispositif anti-bruit.
Une autre motivation pour elle, c'est aussi la hâte de découvrir le résultat final du réaménagement. En effet, la nouvelle mue de la rue de carouge prévoit de mettre l'accent sur la végétalisation et la piétonnisation. Moins de voitures donc et davantage d'espace pour la mobilité douce. «Je suis très contente parce que par rapport aux photos que j'ai vues, ça va être joli», conclut-elle. «Moi, je n'ai pas de voiture, ça ne me dérange pas qu'il n'y ait plus de voitures dans la rue parce que ça causait aussi énormément de bruit.»
Pour la Manuela, ces investissements publics sont un mal nécessaire pour un bien futur: «C'est un bel investissement, je trouve, que l'État a pris, a fait les démarches pour changer la rue. Et c'est bien pour les citoyens, c'est bien pour tout le monde.»
Avec IA