Anne Hiltpold, la nouvelle cheffe du DIP a proposé d’introduire la scolarité pour les petits dès l’âge de trois ans. Une bonne idée? Le point avec une spécialiste de l'apprentissage chez l'enfant à l'UNIGE.
L’école dès l’âge de trois ans? Une vraie ou une fausse bonne idée? C’est en tout cas celle défendue par Anne Hiltopld durant sa campagne électorale. Désormais à la tête du Département de l’instruction publique, la nouvelle Conseillère d’État pourrait mettre son projet en œuvre.
Pour Sylvie Richard Glassey, chercheuse au laboratoire SMAS de l’Université de Genève qui s’occupe du développement sensori-moteur, affectif et social de l’enfant et également enseignante à la Haute école pédagogique Vaud et Valais, l’école à 3 ans a du sens, surtout pour certaines familles.
Cerveau en ébullition
Entre 0 et 5 ans, l’enfant vit une période charnière pour le développement du cerveau. Des billions de neurones se connectent et ces connexions vont dépendre des stimulations en provenance de l’environnement. Pour la chercheuse, il est nécessaire de former les enseignants pour qu’ils puissent prodiguer des enseignements adaptés à l’âge, basés sur le jeu.
Apprendre en jouant
L’enseignement doit être vraiment différent de celui qui prédomine dans les degrés plus élevés. Un enseignement classique serait même contreproductif, selon la chercheuse, également membre du Groupe d’intervention de Recherche sur les apprentissages fondamentaux du cycle 1, le groupe Girafe.
L’encadrement des enfants serait-il suffisant dans un environnement scolaire? Actuellement les crèches comptent un certain nombre d’éducatrices par enfant, un nombre plus élevé qu’à l’école. Ecoutez la réponse de la chercheuse.
Formation des enseignants
L’UNIGE travaille également sur les questions de "comment générer des apprentissages en s’appuyant sur les jeux", comme cela se fait au Canada et en Australie. Enseigner des contenus scolaires tout en jouant est essentiel, mais pour ce faire, il est indispensable de renforcer la formation des enseignants.
Le PER, le Plan d’étude romand doit repenser le Cycle 1, selon Sylvie Richard. Actuellement, les jeux ne font pas partie de ce PER, ni dans les objectifs d’apprentissage, ni dans les modalités d’apprentissage. Une réflexion est nécessaire pour cette tranche d’âge-là . Les Alémaniques, eux, seraient plus avancés avec leur «Frei Spiel» (jeu libre).
Notez que lors de l'investiture du Conseil d'Etat, il n'a pas été fait mention de l'école à trois ans dans le discours de Saint-Pierre. Ce discours est censé reprendre la plupart des intentions du gouvernement pour la législature à venir.