Les Genevois refusent de voir davantage de propriété par étage construite dans le futur vaste quartier Praille-Acacias-Vernets (PAV). Ils disent clairement "non" dimanche en votation aux deux lois de la nouvelle majorité parlementaire de droite.
Les deux textes étaient attaqués par la gauche par voie référendaire. La loi visant à augmenter à 24% la part minimale de propriété par étage (PPE) et en pleine propriété est rejetée à 57,53%. Quant à celle qui définit les modalités de la PPE en droit de superficie, elle est refusée à 56,99%. Le taux de participation s'est élevé à 52,57%.
Avec ce double "non" à deux textes très techniques, les Genevois confirment l'accord accepté en votation populaire en 2018, qui prévoit plus de 80% de logements destinés à la location au PAV. Face à la pénurie de logements, quelque 12'500 appartements sont prévus dans le secteur qui est essentiellement en mains publiques. La part de PPE sera d'au moins 12% et en droit de superficie, ce qui assurera une rente aux collectivités.
L'augmentation de la part de PPE aurait eu un impact sur la portion de locatif en loyer libre. Le fait qu'elle aurait été en pleine propriété aurait favorisé la spéculation, selon la gauche. Pour la doite et les milieux immobiliers, elle aurait permis à la classe moyenne de devenir propriétaire à des prix accessibles dans le canton et à favoriser la mixité sociale dans le quartier.
Signal politique
Ces résultats constituent aussi un signal politique. Les Genevois lancent un avertissement à la nouvelle majorité de droite au Grand Conseil qui avait voté ces deux lois en mai, au tout début de la législature. Depuis, elle n'a cessé d'imposer ses vues - sur l'énergie, l'école et la fonction publique notamment - sans recherche de compromis.
"Que la droite soit rassurée, le PS continuera de combattre tous les projets contraires aux intérêts de la population, au parlement, dans la rue et dans les urnes, jusqu'à la victoire", écrit le parti à la rose. Les Verts, eux, "espèrent que la majorité de droite tirera les leçons de ce scrutin et réfléchira à deux fois à l'avenir avant de s'attaquer sans vergogne aux fondements sociaux et écologiques de notre canton."
Ce résultat est "un signal pour un peu plus de tempérance et d'esprit de dialogue", a analysé le président du Conseil d'Etat Antonio Hodgers. Dans le cas du PAV, "le message est clair: on ne veut pas de spéculation et pas de privatisation de terrains publics. Nous avons une loi cadre, il faut aller de l'avant avec les projets", a souligné le Vert en charge du Département du territoire.