L'horaire continu à l’école primaire. Voilà l’un des objectifs de Genève pour les années à venir. Anne Hiltpold, la cheffe du département de l’Instruction Publique, a présenté jeudi la feuille de route pour la législature.
A Genève, la nouvelle conseillère d'Etat PLR Anne Hiltpold, en charge de l'Instruction publique, a dévoilé jeudi sa feuille de route 2023-2028 pour une école exigeante. Elle veut mener de front plusieurs vastes chantiers, dont l'introduction de l'horaire continu à l'école primaire.
"Les enfants n'ont pas les mêmes capacités ni les mêmes besoins. Notre système doit donc prendre en compte les spécificités de chacun, mais à aucun moment le niveau ne doit s'adapter aux élèves", a relevé la magistrate. En poste depuis neuf mois, la PLR a repris ce département qui était en mains socialistes depuis vingt ans.
La cheffe du Département de l'instruction publique (DIP) est persuadée que c'est en se montrant exigeant avec les jeunes qu'ils seront encouragés à donner le meilleur d'eux-mêmes. Insistant sur la nécessité de restaurer le respect de l'autorité, en particulier envers les enseignants, la magistrate a détaillé six des 17 mesures qu'elle souhaite mettre en œuvre d'ici 2028.
Sans surprise, car il faisait partie de ses promesses de campagne, l'horaire continu à l'école primaire est l'un des projets phares de la législature. "La société a évolué et les attentes des parents ont changé", a souligné Mme Hiltpold. La grille horaire fera l'objet d'un examen approfondi. Tout reste ouvert à ce stade, même un retour à quatre jours d'école hebdomadaire.
Anne Hiltpold est convaincue que l’horaire actuel doit évoluer. Avis partagé par la SPG, la Société pédagogique genevoise. Sa présidente Francesca Marchesini.
Mission orientation
La cheffe du DIP compte faire aboutir la réforme du cycle d'orientation. Le précédent projet, combattu par son parti, avait été refusé dans les urnes en 2022. "14% des élèves qui sortent du cycle n'ont pas atteint un niveau suffisant pour entrer dans une filière qualifiante", a déploré Mme Hiltpold. Elle veut redonner au cycle sa mission première qui est d'orienter.
Les discussions sont en cours, assure la conseillère d'Etat qui devra avant tout rétablir la confiance avec les enseignants du cycle qui ont fait grève pour protester contre sa volonté d'augmenter leur temps de présence en classe. Les contours de cette réforme restent donc à définir. Elle a néanmoins évoqué jeudi la possibilité de faire une douzième année pour certains élèves en difficulté.
Plus d'apprentis
Autre axe prioritaire du DIP: soutenir l'entrée directe, soit dès la sortie du cycle, en formation professionnelle duale et augmenter l'offre de places d'apprentissage en entreprise. Actuellement, seuls 4% des élèves du cycle sont orientés vers un apprentissage et 15% dans la formation professionnelle à plein temps.
Des professionnels de l'orientation interviendront dans les cycles pour mieux informer les jeunes et leurs parents sur cette voie professionnelle trop peu exploitée. Mme Hiltpold veut aussi rendre obligatoire un stage professionnel de deux à cinq jours pour tous les élèves du cycle.
Parcours trop longs
Le secondaire II, qui regroupe le collège, l'école de culture générale (ECG) et les filières professionnelles, doit évoluer et devenir beaucoup plus lisible, selon la cheffe du DIP. Les parcours des élèves, dont certains passent du collège à l'ECG pour terminer en apprentissage doivent être raccourcis. Non seulement pour une question de motivation des jeunes, mais aussi pour une question de coûts, selon Mme Hiltpold.
La conseillère d'Etat va aussi mettre l'accent sur la lutte contre la violence et le (cyber) harcèlement. Elle va renforcer les actions de prévention.
Une feuille de route jugée ambitieuse par la Société Pédagogique genevoise
Interrogée sur les moyens qu'elle devra trouver pour concrétiser ses projets, Mme Hiltpold souligne qu'elle défend avant tout une vision politique et qu'elle fera tout pour les obtenir. Certaines mesures nécessitent des réallocations de ressources alors que d'autres impliqueront des dépenses supplémentaires, qui ne sont pas encore chiffrées.
Laurie Selli avec Source ATS