Présentation ce jeudi du rapport d'experts mandatés par le Département de l'instruction publique dans l'affaire du foyer de Mancy. Ils constatent un cumul de manquements graves. La Conseillère d'Etat estime avoir agi à temps.
«L’Etat a failli», a reconnu la Conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta après la présentation du rapport commandé par le DIP sur le foyer Mancy. Les deux experts, Francine Teylouni, ex-directrice générale de l'Office de l'enfance et de la jeunesse, et Pierre-Alain Dard, consultant en justice juvénile et ex-chef de la brigade des mineurs, se sont penchés sur les dysfonctionnements du foyer pour enfants autistes. Leur mandat était de comprendre le fonctionnement du foyer, de voir si les professionnels étaient correctement outillés, de juger de la qualité de la prise en charge et enfin de voir si l’information circulait correctement vers la hiérarchie. Ils ont notamment interrogé 7 parents. Ceux-ci ont dit avoir constaté une dégradation de l’état de leur enfant, ils ont pointé du doigt les locaux peu adaptés et vétustes. Mais aussi le manque de chaleur humaine et des difficultés relationnelles avec le foyer.
Cumul de manquements
Les experts ont relevé le manque de personnel fixe, un poste et demi sur les 10 postes nécessaires. Leur absence de formation, le turn-over important et un manque d’expérience du directeur. Trop de projets collectifs et pas de journée structurée personnalisée pour les autistes. Pointé du doigt également, le manque d’outil de communication spécifique comme des pictogrammes. Bref des manquements très importants relevés par les experts qui ont parlé de maltraitance institutionnelle. Ils sont également revenus longuement sur les cas de maltraitance, de surdose de médicaments et de leur communication à la hiérarchie. Comment de telles maltraitances ont-elles pu se produire ? Ecoutez la réponse d’Anne Emery-Torracinta
Les experts ont édicté toute une série de recommandations pour l’avenir, comme une gestion privée du foyer, avec un subventionnement. Un nombre moins important de jeunes autistes ou séparés par des structures pavillonnaires. Ils préconisent également un encadrement pluridisciplinaire et recommandent de travailler davantage avec le réseau et les parents. Ils ont conclu à un cumul de manquements, avec une dimension multifactorielle et complexe.
Agir à temps?
Suite au rapport, Anne Emery-Torracinta, la Conseillère d’Etat chargée du Département de l’instruction publique a exposé sa version des faits. Elle s’est défendue d’avoir agi trop tard. Alertée pourtant le 27 juillet 2019 par une maman d’un de ces enfants, la Cheffe du DIP n’a réellement pris conscience du problème qu’en mars 2021, suite à une lettre anonyme. Elle a nié avoir été informée avant de ce qui se passait réellement à Mancy.
La Cheffe du DIP estime que son intégrité a été remise en cause dans cette affaire. Selon les révélations médiatiques de ces derniers jours, elle n’aurait rien fait malgré les alertes.
Ouverture précipitée
Anne Emery-Torracinta a reconnu que les parents étaient «entendus mais pas écoutés», par l’Office médico-pédagogique (OMP). Au vu de tous ces dysfonctionnements, l’ouverture du foyer en 2018 dans la précipitation était-elle justifiée ?
Maintien du foyer
Forts des constats du rapport, la Conseillère d’Etat a élaboré un plan d’action «pour que cela ne se reproduise plus». Il prévoit le maintien du foyer de Mancy. Une présence professionnelle plus importante sera assurée, un coaching d’équipe et des règles très claires en cas de cris ou de violences de la part des enfants. Mais aussi des formations spécifiques et des colloques réguliers. Les locaux vont être équipés rapidement de climatiseurs, la chaleur augmentant les problèmes psychiques. Le personnel d’intendance va être renforcé. Quant au projet institutionnel, il est en cours d’élaboration. Le foyer de Mancy doit rester ouvert, selon la Conseillère d’Etat. Pour répondre aux besoins des parents.
A termes, la Conseillère d’Etat souhaite créer de petites structures, des foyers privés subventionner. Pour l’heure, elle veut changer la législation pour faire surveiller les trois foyers de l’OMP, par l’office de la jeunesse. Puis mettre en place un système externe de surveillance.