L'audience n'a débuté qu'il y a quelques minutes lundi quand Mehdi Nemmouche annonce "une déclaration préalable": "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni d'aucun autre" en Syrie, déclare-t-il à l'ouverture de son procès d'assises à Paris.
Mehdi Nemmouche, 39 ans, sweat de sport noir, cheveux bruns coiffés au gel, rasé de près, est accusé d'avoir été le geôlier de quatre journalistes français détenus pendant près d'un an par le groupe djihadiste Etat islamique en Syrie en 2013. Trois d'entre eux sont présents dans la salle.
Le président Laurent Raviot commence par demander à Mehdi Nemmouche et ses deux coaccusés de décliner leur identité.
"Nemmouche Mehdi, de père inconnu, adresse officielle à Tourcoing mais ça remonte à 2006", répond-il, visiblement à l'aise, à renfort de larges mouvements de bras. "Et je vais faire une déclaration préalable", annonce-t-il sans laisser le choix à la cour. "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux".
"On verra ça plus tard", répond le président.
Mises en scène macabres
Mehdi Nemmouche reprend une minute plus tard. "Je n'ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni d'aucun autre. Et je n'ai jamais rencontré ces personnes en Syrie", dit-il, assurant n'avoir été qu'un "soldat sur le front" pour différents groupes djihadistes en Syrie, "contre le régime de Bachar al-Assad".
"La première fois que j'ai vu Nicolas Hénin, l'un des quatre journalistes, c'était devant la cour d'assises de Bruxelles", où Mehdi Nemmouche a été condamné à la perpétuité en 2019 pour l'attentat au musée juif de Bruxelles.
Les journalistes français - Nicolas Hénin, Didier François, Edouard Elias et Pierre Torres - avaient été enlevés à 10 jours d'intervalle en juin 2013, comme de nombreux journalistes et humanitaires occidentaux, souvent détenus ensemble.
Ils n'ont été libérés que près d'un an plus tard, le 18 avril 2014, après des mois de supplice, entre violences physiques et psychologiques, privations de nourriture et simulacres d'exécution.
Plusieurs autres otages, dont le journaliste américain James Foley et l'humanitaire britannique David Haines, ont été exécutés, en tenue orange, dans des mises en scène macabres et filmées qui ont choqué le monde.
Sûrs à "100%"
Un mois après le retour en France des journalistes, Mehdi Nemmouche avait abattu, le 24 mai 2014, quatre personnes au musée juif de Bruxelles. Il fut le premier d'une longue liste de djihadistes de l'EI rentrant de Syrie pour commettre des attentats en Europe.
Quand il a été arrêté quelques jours plus tard à Marseille, sa photo a été publiée dans la presse. Certains ex-otages l'ont immédiatement reconnu: il est "Abou Omar", l'un de leurs geôliers "pervers", "sadique" en Syrie. En entendant sa voix, ils en sont sûrs "à 100%".
Nicolas Hénin espère que ses geôliers s'exprimeront durant l'audience. "J'ai envie de les entendre. C'est nécessaire à la manifestation de la vérité", a-t-il souligné lundi matin sur France Inter, prêt à se "bagarrer y compris au tribunal pour leur faire comprendre qu'ils ont perdu".
Sur RMC, Didier François a lui relevé que "Mehdi Nemmouche, en soi, ce n'est que l'un des geôliers, que l'un des tortionnaires, que l'un des djihadistes qui a porté ce projet" djihadiste.
Nemmouche sait qu'il mourra en prison
L'avocat de Mehdi Nemmouche, Me Francis Vuillemin, a assuré devant la presse que son client s'exprimerait durant l'audience.
"Il est d'une grande sérénité. Il ne risque rien, il sait qu'il est en prison à vie, il sait qu'il mourra en prison. Il a été silencieux pendant 10 ans, il va parler, c'est une certitude".
Comparaissent aussi Abdelmalek Tanem (35 ans), déjà condamné en France pour avoir rejoint la Syrie en 2012 et soupçonné d'avoir été un des geôliers, et le Syrien Kais Al Abdallah (41 ans), facilitateur de l'enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres selon l'enquête. Tous deux nient.
Sont en outre jugés - même s'ils sont présumés morts - le haut cadre de l'Etat islamique Oussama Atar (déjà condamné par défaut à la perpétuité au procès des attentats du 13 novembre qu'il avait commandités) et Salim Benghalem, considéré comme le chef de la détention des otages.
Le procès est prévu jusqu'au 21 mars.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats / afp