La foire horlogère de Bâle a fait savoir hier qu’elle était prête à se coordonner avec le SIHH à Genève. Le Salon international de la Haute Horlogerie. Après la fermeture définitive du Comptoir Suisse à Lausanne, on se dit que tout devient possible pour l’opérateur de foires et d’expositions MCH.
C’est un énorme pavé que le nouveau directeur de MCH à Bâle a balancé hier en parlant de coordonner les localisations. Ses propos reviennent en fait à dire que Baselworld, le rendez-vous horloger numéro un dans le monde, pourrait avoir lieu non plus à Bâle… mais à Genève. En même temps que le Salon de la Haute Horlogerie. Énorme.
C’est même un retournement de situation. Parce que le SIHH est beaucoup plus petit et beaucoup plus récent que son concurrent bâlois. C’est plutôt lui qui devrait s’aligner.
Absolument. Mais le groupe Richemont à Genève a créé le Salon de la Haute Horlogerie il y a une trentaine d’années tout de même. Pour ses propres marques d’abord. Cartier, Piaget, IWC, JaegerLeCoultre, Vacheron Constantin, Baume et Mercier, j’en passe et pas des moindres. Et puis d’autres marques indépendantes ont été acueillies, comme Audemars Piguet.
La Foire horlogère de Bâle, qui est devenue Baselworld, c’est tout autre chose. Ça remonte au début du siècle plutôt qu’à la fin. Baselworld a accompagné l’internationalisation de l’horlogerie suisse tout au long du XXe. Un phénomène un peu comparable au Salon de l’Auto, d’ailleurs. Devenu Geneva Motor Show.
Alors pourquoi le groupe Richemont a pris ses distances ?
Parce qu’il estimait que le côté populaire de Bâle devenait incompatible avec la montée en gamme de la nouvelle horlogerie suisse. Avec le luxe. Mais le SIHH a surtout obligé bien des clients professionnels de l’horlogerie suisse à se rendre à deux rendez-vous au lieu d’un. Un vrai problème. Et il ne faut pas s’attendre à ce que le SIHH daigne migrer à Bâle. La haute horlogerie, c’est Genève, point final.
Ça veut dire que Baselworld pourrait prendre ses quartiers à Palexpo ?
Oui, en même temps que le SIHH. La Haute Horlogerie ne prend pas beaucoup de place à Genève. Bâle, c’est autre chose. De l’ordre de 1500 exposants. Des marques suisses et de bien d’autre pays. Avec des sous-traitants dans les sous-sols. Ça tombe bien, parce que Palexpo est calibré pour l’automobile et offre un espace considérable. Bâle, c’est 100 000 à 150 000 mille visiteurs pour l’horlogerie. Palexpo et le Motor Show, c’est 700 000.
Cela veut dire aussi que Baselworld devrait changer de nom. S’appeler GenevaWorld par exemple ?
Attendez, on n’en est pas encore là. De loin pas. Il faut tout de suite recadrer cette affaire. Le SIHH se développe chaque année et n’a pas vraiment de problèmes de rentabilité. Le groupe Richemond est là pour financer la fondation en cas de besoin. De son côté, MCH à Bâle est coté sur le marché des actions. C’est autre chose. Et l’entreprise commence à enregistrer des pertes vraiment inquiétantes.
Le plus probable, c’est que son nouveau directeur veut surtout montrer à ce stade qu’il est prêt à envisager de vrais et profonds changements. D’où son ballon d’essai. On ne pourra pas dire après cela qu’il est trop timoré. De là à ce que l’institution séculaire Baselworld décide de quitter Bâle, le chemin est encore long. Il faudrait déjà que les Bâlois la laissent partir.