Le fameux sondage sur les préoccupations des Genevois commandé par Pierre Maudet a été financé en partie par des fonds publics. Selon nos informations, la Junior Entreprise HEG de Genève a effectué plusieurs virements pour un montant total de 5'000 francs à titre de contribution. La justice genevoise enquête sur le financement de ce sondage dans le cadre de sa procédure ouverte contre le conseiller d'Etat pour acceptation d'un avantage après son voyage controversé à Abu Dhabi, fin 2015.
Fonds provenant de la Haute école de gestion
La Junior Entreprise HEG de Genève est une association à but non lucratif rattachée à la Haute école de gestion (HEG). Avec un budget de 35'000 francs pour l'année 2017, elle est financée à hauteur de 15% par le Département de l'instruction publique (DIP). De 2014 à 2016, elle est présidée par Vincent Daher. Ce dernier, membre du PLR genevois, n'est autre que le fils d'Antoine Daher, l'ami libanais de Pierre Maudet avec qui il s'est rendu aux Emirats.
Selon plusieurs sources concordantes, Antoine Daher devait récolter 35'000 francs pour prendre le pouls de la population, via un sondage, avant les élections cantonales d'avril 2018 où le magistrat libéral-radical a été réélu dès le premier tour. Ce procédé a été dénoncé pénalement le 27 août dernier par un petit patron invité à verser 5'000 francs. Il assure que d'autres contributeurs ont été sollicités.
C'est dans ce cadre que la Junior Entreprise HEG de Genève a versé un montant identique. Et ce n'est pas sans poser problème. D'une part, le versement n'a pas reçu le soutien du nouveau comité du bureau de la Junior Entreprise car il n'a pas été consulté. Ce qui est contraire à son règlement. Le comité va signaler ces agissements mardi au département des finances de la HEG. Le DIP sera également informé. Le nom de Vincent Daher nous est rapporté par plusieurs sources dans ce dossier car, selon elles, c'est sous son impulsion que la somme de 5'000 francs a été débloquée. Contacté, Vincent Daher réfute toutes ces allégations. Et de préciser qu'il a quitté ses fonctions de président en 2016.
Mais surtout, les fonds alloués à ce sondage par la Junior Entreprise représentent de l'argent public. De l'argent qui n'a pas à être utilisé pour le compte d'un candidat au Conseil d'Etat à des fins d'élection. Selon plusieurs pénalistes genevois que nous avons contactés, cela pourrait s'apparenter à un "détournement de fonds" et à un "abus de confiance".
Pierre Maudet n'a, pour l'heure, pas répondu à nos questions.
@GhufranBron